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ULTRA SEGURIDAD
MEXICO CITY, GUADALAJARA ET PUERTO VALLARTA, MEXIQUE © LUCAS SANTUCCI / AGENCE ZEPPELIN
On imagine le Mexique avec ses plages paradisiaques où Européens et Américains viennent goûter l'exotisme et la sérénité. Mais sortie des complexes touristiques, la vie est bien différente. Depuis quelques années, et encore plus fortement en 2019, l'insécurité grandit dans le pays. L'Etat s'attaque aux cartels et aux grands réseaux criminels pour rétablir l'ordre, mais il laisse les petits voyous dans les rues, empoisonnant la vie de l'ensemble de la population mexicaine qui est directement touchée par cette violence permanente. Pour y faire face, les citoyens se protègent seuls, s'enfermant dans des « maisons-prisons », voire dans des quartiers ultrasécurisés où ils essaient de vivre normalement.
[Puerto Vallarta, Mexique] Clôturés, les grands complexes privatisent des portions de plages publiques qui, légalement, devraient être accessibles à tous les Mexicains.





[Guadalajara, Mexique] Fernanda vit depuis 15 ans dans un des quartiers fermés de Guadalajara, mais depuis quelques mois, elle voit le nombre de cambriolages augmenter.


[Guadalajara, Mexique] Un peu partout, les habitants se barricadent derrière des murs qu'ils surélèvent de barbelés et de fils électriques : « Nous sommes en prison quand les voyous sont dans la rue ! » s'exclament les habitants.
[Guadalajara, Mexique] Cette entreprise spécialisée dans le remplacement des pare-brises reçoit plusieurs dizaines de véhicules vandalisés par jour.





[Guadalajara, Mexique] Avec seulement l'équivalent d'une patrouille de police par arrondissement, les services fédéraux sont débordés et les habitants sont livrés à eux-mêmes.


[Guadalajara, Mexique] Jeunes et moins jeunes adaptent leur quotidien pour face à une violence permanente qui devient banale dans la société mexicaine.
[Guadalajara, Mexique] Cette année, Fernanda a fait ajouter des grilles aux fenêtres et installer des caméras : « Je me sens mieux comme ça. Je ne sais pas comment ils rentrent, mais ce sont peut-être même des voisins. Normalement tout est extrêmement sécurisé. »





[Guadalajara, Mexique] Esseulés, des voisins se réunissent pour organiser la sécurité du quartier : « La tranquillité ça se paye ! » tranchent-ils. Ceux qui en ont les moyens se renfermeront sur eux-mêmes, et les plus modestes tâcheront de veiller les uns sur les autres.


[Guadalajara, Mexique] « Mes voisins, qui ont leurs bureaux chez eux, se sont fait braquer à plusieurs reprises. Maintenant, ils ont engagé un agent armé d'un fusil pour monter la garde nuit et jour devant leur porte, » témoigne Adriana du haut de sa fenêtre.
[Guadalajara, Mexique] « Les habitants ont posé des grilles, puis des barbelés, et maintenant tout le monde installe des grillages électrifiés car il y avait trop de failles, » explique Adriana qui a vu son quartier changer en 20 ans.





[Guadalajara, Mexique] Le marché de la sécurité est pleine expansion pour équiper les habitants qui veulent toujours plus de technologie.


[Guadalajara, Mexique] Les sociétés de sécurité installent des barrières électriques avant même la fin des travaux.
[Guadalajara, Mexique] Fernando et Elsa habitent dans une maison ultrasécurisée, mais ils se sont fait cambrioler l'année passée : deux hommes se sont introduits chez eux au moment où ils sortaient leur voiture. Pour eux, il n'y a plus d'autres solutions que de quitter leur maison pour un condominio sécurisé.





[Guadalajara, Mexique] Fernando et Elsa visitent leur nouvelle acquisition dans un condominio : « J'ai toujours détesté ces habitats fermés, mais il faut se rendre à l'évidence, on va vieillir et on sera de plus en plus vulnérable, » justifie Fernando.


[Guadalajara, Mexique] À Guadalajara, 40% du territoire est composé de quartiers privés et sécurisés. Les nouveaux quartiers résidentiels sont systématiquement équipés de grilles. Derrière, la vie continue sans l'angoisse de la rue.
[Guadalajara, Mexique] Les condominios ne sont pas de simples quartiers d'habitation. Ce sont des zones clôturées, gardées, et qui ne sont pas accessibles à toute la population. Ce type de quartier protégé peut contenir plus de 20 000 habitants, mais cela pose des problèmes d'urbanisme. Il faut parfois contourner des quartiers entiers ou franchir des barrières en donnant sa carte d'identité pour pouvoir accéder à certains lieux.





[Guadalajara, Mexique] À l'intérieur du portique, le service de sécurité est important : caméras de surveillance, logiciel d'identification des plaques, hommes armés, etc.


[Puerto Vallarta, Mexique] Destinés aux touristes, certains complexes ultrasécurisés attirent de plus en plus de Mexicains qui veulent seulement être en sécurité. À l'entrée, les allées et venues sont contrôlées.


[Guadalajara, Mexique] Les sociétés de sécurité manquent régulièrement de personnel qualifié. Les agents doivent passer des tests psychologiques avant d'être formés et de porter une arme.


[Guadalajara, Mexique] Tous les travailleurs venus de l'extérieur (artisans, agents d'entretien…) doivent porter des gilets de couleurs afin d'être identifiés par la sécurité du condominio.
[Guadalajara, Mexique] Un nouveau type de quartier commercial sécurisé se développe : « Ici je n'ai pas besoin de tenir la main de mes enfants, ni de me méfier en permanence. Ils peuvent courir dans le parc et jouer dans la fontaine. Grâce à ces lieux, mes enfants peuvent avoir une vie normale, » explique une jeune mère de famille.





[Guadalajara, Mexique] Les centres commerciaux sécurisés existent depuis des dizaines d'années, mais depuis peu, celui d'Andares propose un véritable quartier sécurisé avec des rues, des parcs et des espaces de consommation.


[Guadalajara, Mexique] Le centre commercial Andares propose de recréer un espace urbain convivial, organisant des événements et des concerts publics, tandis que l'insécurité règne dans le reste de la ville.
[Mexico City, Mexique] « Il y a encore quelques mois, je sortais sans problème dans mon quartier, mais aujourd'hui j'ai peur. Depuis longtemps, on entendait des histoires de violence au Mexique, mais aujourd'hui ça arrive couramment à des proches. J'ai plusieurs amis qui ont été agressés dans la rue avec des armes, » rapporte Julia.





[Guadalajara, Mexique] « La semaine dernière mon père s'est fait braquer dans la rue, et le mois dernier mon cousin s'est fait kidnapper dans un Uber. Heureusement, ils l'ont libéré quatre heures plus tard car il n'avait pas d'argent. On doit pourtant continuer à vivre. On s'organise comme on peut, » raconte Lola.


[Guadalajara, Mexique] « Avec mes amis, on a développé une check-list de sécurité avant de monter dans un Uber, on vérifie que c'est la bonne plaque d'immatriculation, le bon modèle de voiture, on demande le nom du chauffeur, on appelle quelqu'un pour dire qu'on est dans un Uber, et enfin, c'est nous qui choisissons la route sur le GPS. Les chauffeurs sont conscients du problème et ne rechignent plus, » détaille Lola.
[Mexico City, Mexique] « J'ai changé toute mon organisation : je ne sors plus seule la nuit, et je ne vais donc plus à mon cours de gym à trois rues de mon immeuble. Le soir, je ne me déplace qu'avec des amis ou alors en Uber, je n'ai même plus confiance dans les taxis, » précise Julia.
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LE PHOTOGRAPHE LUCAS SANTUCCI
D'abord ingénieur agronome, puis photo-journaliste, Lucas a intégré l'équipe d'Under The Pole comme responsable logistique et partenariat. Il a embarqué pour 18 mois d'expédition au Groenland dans la promiscuité d'un voilier où il s'est affirmé comme photographe terrestre et sous-marin. Après avoir documenté 9 mois de navigation qui l'ont amené à 80°Nord, Lucas a vécu l'hivernage pris dans les glaces, à quelques kilomètres d'un village de chasseurs-pêcheurs.