Le kayak pour une approche en douceur Emmanuelle et Victor font équipe en kayak pour voir au plus près les narvals dans la baie de Qaanaaq. L'embarcation, légère et silencieuse, est idéale pour approcher ces animaux mythiques mais furtifs. L'entreprise sera couronnée de succès puisque les narvals approcheront à moins de 15m… Extrait du journal de bord d'Emmanuelle : « Nous glissons sur un miroir qu'une ride vient troubler de temps à autre lorsqu' un phoque plonge d'une plaque de glace ou qu'un iceberg se retourne. J'ai l'impression de flotter dans un rêve, l'atmosphère est étrange entre calme absolu et craquements assourdissants lorsque la glace s'effondre du glacier tout proche. On se sent en visite dans un monde qui ne nous appartient pas, espionné par les phoques goguenards qui sortent leur tête dans notre direction ou nagent sur le dos, ventre blanc vers le ciel, jetant un oeil discret vers les drôles d'animaux que nous sommes. Les pétrels s'amusent à venir frôler notre étrave, virant sur l'aile au dernier moment alors que les mergules nains s'envolent par centaines à un signal qu'eux seuls reconnaissent. Nous stoppons régulièrement, scrutant aux jumelles la surface de l'eau, sans succès. Pas de narvals. L'heure tourne et nous devons envisager le retour pour échanger nos places avec Ghislain, Martin, Anthony et Hugues. On décide de repartir vers le Why en faisant un arc de cercle vers le glacier. Je pagaie seule : à l'avant, Victor filme le jeu des pétrels. Je regarde nos compagnons et constate que Pris aussi fait avancer l'embarcation pendant que Lucas prend des photos. Tout d'un coup j'entends un souffle. Au regard que Victor me lance je comprends qu'il l'a entendu lui aussi. En revanche Pris et Lucas n'ont pas l'air d'avoir entendu. Je me rapproche d'eux pour leur chuchoter de nous suivre un peu plus loin. Quelques minutes plus tard, cela ne fait plus de doutes, plusieurs souffles se font entendre mais on ne voit toujours rien aux jumelles. Les souffles, rauques et puissants se rapprochent. Des dos ondulent en surface ne laissant plus de place au doute. Je les vois nager en tout sens comme s'ils n'étaient pas sûrs de la direction à prendre. Brusquement, l'un d'eux plonge en notre direction suivit des autres. Nous retenons notre souffle, Lucas et Victor sortent leurs boitiers. Ils se rapprochent rapidement de nous, je m'attends à les voir sonder d'une seconde à l'autre. Je me sens toute petite maintenant face à eux qui arrivent sur nous, puissants et déterminés. La cadence de leurs souffles se mêle aux battements de mon coeur qui semble vouloir sortir de ma poitrine. Le temps s'arrête. A l'étrave de nos deux kayaks, ils sondent, nous laissant immobiles et silencieux, personne ne veut rompre la magie du moment. On se jette juste un long regard, ébahi du cadeau que nous ont fait ces animaux uniques. »