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PARESSEUX VERSUS BULLDOZER
SALVADOR + ILHÉUS, ÉTAT DE BAHIA, BRÉSIL  •  PHOTOS © MAXIME HORLAVILLE / AGENCE ZEPPELIN
Parti sur les traces de Charles Darwin, un jeune Français confronte les descriptions du naturaliste à la réalité actuelle. Le fameux Britannique avait participé à une expédition entre 1831 et 1836 autour du monde. Embarqué sur le Beagle, sa mission était de décrire la faune et la flore lors des différentes escales. Il avait 22 ans. Aujourd'hui, Victor Rault a décidé de refaire ce périple en rencontrant divers scientifiques à chacune de ses escales. Son voilier, le Captain Darwin du même nom que son expédition, mouille cette fois au Brésil, dans l'État de Bahia, entre Salvador et Ilhéus. C'est là qu'il va découvrir le Paresseux à crinière, un animal endémique de la Mata Atlântica dont l'urbanisation effrénée lui fait courir un grand danger.
Plus qu'un simple moyen de transport, le Captain Darwin est aussi le camp de base de l'expédition éponyme, un voilier de 13 mètres pouvant assurer la vie en autonomie de 4 personnes durant plusieurs semaines.





Entre Salvador et Ilhéus, Victor Rault règle la grand voile à bord du Captain Darwin. Le temps est très instable sur la côte brésilienne, obligeant à changer régulièrement de voile d'avant.


La Mata Atlântica est un biome de type forêt tropicale humide. Située sur la côte sud-est du Brésil, elle concentre une biodiversité exceptionnelle, dont de nombreuses espèces endémiques.
Docteur en écologie à l'université de Santa Cruz, Gastón Giné est spécialiste du paresseux. Ici, au cœur de la Mata Atlântica, le scientifique relève la position d'un arbre où a été observé un paresseux. En multipliant cette opération, il peut cartographier la répartition de la population sur une aire donnée, et ainsi, suivre son évolution.





Harnaché dans la canopée, Victor Rault filme un paresseux. Ce point de vue en hauteur lui permet d'observer la toilette du mammifère qui débarrasse les parasites de ses poils à l'aide de ses longues griffes.


Écologue spécialiste du paresseux, Gastón Giné pratique l'escalade pour l'observer de façon détaillée. Il peut ainsi effectuer des prélèvements sur l'animal, et c'est aussi l'occasion pour lui d'échantillonner les feuilles de la canopée.
Un Paresseux à crinière (Bradypus torquatus) se meut dans la canopée. C'est une espèce endémique de la Forêt atlantique brésilienne. Âgé d'environ 1 an, ce juvénile a déjà pris son indépendance, sa mère ayant été identifiée à quelques arbres de là. Mais elle gardera contact avec lui jusqu'à ses 3 ans environ.





Un « pont à paresseux » enjambe la voie express dans la réserve naturelle de Sapiranga. En permettant aux mammifères arboricoles de traverser routes et rivières, ce type d'infrastructure tente de limiter l'impact du morcellement de la forêt.


Le développement économique du Brésil a engendré la construction d'immenses complexes industriels, dont certains au cœur de zones forestières. Aux abords des usines, il plane une atmosphère âcre, à la limite du respirable.
Le long de la voie express située dans la réserve naturelle de Sapiranga, un panneau signale la traversée éventuelle de paresseux. Les infrastructures et voies de communication sont l'une des causes du morcellement de la Mata Atlântica (forêt atlantique). Ces rubans d'asphalte perturbent le déplacement de nombreux animaux, limitant le brassage génétique des populations lors de leur reproduction. Néanmoins, des initiatives existent pour tenter de reconnecter les différentes zones forestières, tels des ponts ou des tunnels pour mammifères.





Garde de la réserve naturelle de Sapiranga, Fabio conduit un canoë devant la caméra de Victor qui filme. L'embarcation permet de traverser la mangrove, écosystème humide, pour atteindre la restinga qui sépare la lagune de l'océan.


Garde de la réserve naturelle de Sapiranga, Fabio constate une dégradation des conditions de préservation. Témoin privilégié de ce milieu hors du commun, il explique à Victor que l'eau circulant au travers de certaines roches est potable.
Ayant perdu près de 85% de sa surface originelle depuis le XIXème siècle, la Mata Atlântica subit de plein fouet l'expansion économique du Brésil et l'urbanisation galopante de l'arrière-pays. Ici, le long des pistes forestières fleurissent les projets de condominiums, de vastes résidences sécurisées réservées aux plus aisés.





À quelques centaines de mètres de la réserve naturelle de Sapiranga, des engins de terrassement s'activent pour accueillir de nouvelles infrastructures.


Conséquence de la déforestation, les sols meubles de l'ancienne Forêt atlantique s'érodent un peu plus à chaque épisode pluvieux.
Une famille de la communauté amérindienne Pataxó effectue une cérémonie traditionnelle. Réunis dans une hutte dont le centre est laissé sans toit, ils dansent et chantent pour appeler à la protection de la forêt qu'ils honorent.





Romario honore la nature et la forêt par un rituel au centre de la hutte cérémonielle.


En tant qu'enseignant, Romario est particulièrement attaché à la transmission de la culture Pataxó.
Des amérindiens Pataxó plantent des arbres sur une terre agricole anciennement mise à nu. Avec l'aide du Programme Arboretum, Romario a choisi de reboiser sa parcelle pour la convertir en agroforesterie. Cette technique, associant forêt et plantations, permet une production raisonnée, durable et respectueuse de la biodiversité.





Le Programme Arboretum est une association créée et financée par le Service des forêts et l'État de Bahia, ayant pour mission de protéger et restaurer la Mata Atlântica. En étudiant la forêt dont plusieurs espèces originelles sont cultivées et replantées, la reforestation contribue à sauvegarder cet écosystème fragile.


Viviane, ingénieure au sein du Programme Arboretum, est responsable de la culture des espèces replantées dans le cadre des actions de reforestation. Son travail consiste à élaborer un échantillon représentatif des espèces présentes dans la Mata Atlântica. Les plantations sont réfléchies pour restaurer un écosystème sain et équilibré.


À quelques pas de son habitation, Romario fait goûter à Victor le fruit du cacaoyer cultivé en agroforesterie.


Invités pour une nuit dans la communauté Pataxó, Victor et Cécile montrent aux enfants les vidéos réalisées sur place.
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LE PHOTOGRAPHE  MAXIME HORLAVILLE
Photographe et réalisateur passionné d'aventure, Maxime découvre le monde des expéditions avec Under The Pole en 2018. Embarqué durant 6 mois en Polynésie française, il documente la campagne scientifique et rencontre à bord le photographe Franck Gazzola et le réalisateur Victor Rault. Inspiré par leur travail et leurs convictions, il change peu à peu son regard sur le monde. Après quelques années entre course au large, architecture et lifestyle, il retrouve les expéditions en couvrant les principales étapes de Captain Darwin, un tour du monde en 4 ans sur les traces du naturaliste britannique.