19 juillet 2023, Adoua, Éthiopie.
Selam (le nom a été modifié) vit dans la « Safe house » gérée par l'ONG Don Bosco, où les conditions de vie sont meilleures que dans les camps pour personnes déplacées. Elle y cohabite avec neuf autres femmes ayant subi de graves traumatismes pendant la guerre. Elle raconte : « Mes deux enfants sont morts lors du bombardement de ma maison à Zalambessa en mai 2021. J'ai marché quatre jours jusqu'à Adoua. J'étais alors enceinte de huit mois. Alors que je perdais les eaux, mon grand-père et mon oncle, qui me portaient jusqu'à l'hôpital, ont été tués par l'armée érythréenne. J'ai accouché dans une maison où mon enfant est mort-né. Je n'avais alors plus rien à manger, et j'ai décidé de rejoindre à pied le reste de ma famille dans un village proche. Sur la route, j'ai été violée par trois soldats érythréens, dont j'ai avorté par la suite. Quand mon mari, qui s'était engagé dans les Tigray Defence Forces, en a été informé, il m'a quittée ».
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