Des tonneaux en guise de comptoirs. Au dessus, sur une étagère en bois, trône un bric-à-brac de casques militaires et des répliques bon marché de chapkas soviétiques.
Les animaux empaillés accrochés aux murs semblent jeter un regard inquisiteur sur l'étranger de passage.
La vallée de Bugarach est une terre de chasse et d'agriculture.
« Ma tronçonneuse est tombée en panne l'autre jour, raconte un habitué accoudé au bar chez Renaud. Encore un coup des OVNI ! »
Un demi-sourire perce sur le visage de ses voisins, mais la blague est trop éculée pour arracher un rire franc aux quatre acolytes.
Ici les « zozotériques » agacent plus qu'ils n'amusent.
« Ça fait quarante ans que le pic de Bugarach attire les 'peluts' » – poilus en occitan, surnom péjoratif donné aux hippies.
« Pour eux on serait sur un vortex ou un truc du genre, »
explique une habitante excédée par le défilé incessant des voyageurs en quête de renouveau spirituel.
L'histoire du « village qui survivra à la fin du monde, » c'est le coup médiatique de trop.
Les reproches lancés à demi-mot s'adressent au maire, accusé d'aimer un peu trop « voir sa trogne à la télé. »
Il se murmure même qu'il y aurait un intérêt personnel :
l'ancien dessinateur industriel reconverti en éleveur a racheté une grange en vue de la transformer en hôtel.
« Un projet abandonné, » balaye Jean-Pierre Delord.
Pour l'instant, les critiques restent discrètes. Une fin du monde ne suffira sans doute pas à effacer 35 ans de bons et loyaux services.
Le business de la fin du monde
Sur la table du conseil municipal, une pile d'articles épaisse comme un bottin.
« Vous croyez que ça nous aurait coûté combien une telle campagne de pub ?
Une commune de moins de 200 habitants n'en a pas les moyens, » lance le premier édile.
A l'origine du phénomène médiatique, un simple coup de téléphone d'un journaliste du quotidien local, passé au maire, fin novembre 2010.
« Alors tes soucoupes, ça décolle ? » lance Bruno Coince, rédacteur à L'Indépendant.
Au maire de répondre « Attends t'es assis ? Il paraît qu'un site internet annonce que Bugarach sera épargné par la fin du monde ! »
Au moment d'écrire son article, « juste un truc rigolo, » il est loin d'imaginer le déchaînement médiatique qui va suivre.
Le papier est repris en boucle « de Los Angeles à Vladivostok. »
Une aubaine pour Jean-Pierre Delord, l'occasion de relancer l'économie de son coin d'Aude où les jeunes ne restent pas.
Ici des panneaux « maison à vendre » hantent les rues depuis des décennies.
Quand les anciens disparaissent, leurs enfants mettent en vente. Le village se vide.
Le coup de pub est une réussite selon l'élu : le nombre de marcheurs faisant l'ascension du pic serait passé de 10 000 à 20 000 en un an seulement.
Un chiffre qui laisse sceptique la propriétaire du camping du village.
« Vous les voyez, vous, les milliers de visiteurs ? »
Quelques tentes à peine sont plantées sur l'esplanade au pied de la montagne.
« Moi j'ai surtout des gens qui annulent leurs réservations parce qu'ils s'imaginent que la montagne est envahie par les allumés. »
Quelques escrocs ont bien tenté de se remplir les poches :
deux sites internet proposaient « d'authentiques » pierres de Bugarach, « vendues avec certificat » 1,50 € le gramme, soit 1500 € le kilo.
Là le sang du maire n'a fait qu'un tour. « Je l'ai immédiatement signalé à la gendarmerie. »
Mais après vérification de leur part, rien de vraiment illégal. L'annonce a depuis disparu.
Le business de la fin du monde ne fait visiblement pas recette. « Les habitants ont l'impression d'être assis sur une mine d'or.
Les prix des terrains ont explosé. Conséquence, plus rien ne se vend, explique un agent immobilier de la vallée, avant d'ajouter : vous ne citez pas mon nom. Ici tout le monde se connaît.
J'ai un commerce à faire tourner. »
« Ils rejettent le système mais vivent du RMI »
Si une commune tire profit du pic, c'est plutôt Rennes-les-Bains, un village de 170 habitants situé cinq kilomètres en contrebas dans la vallée.
Le fourmillement tranche avec le calme de son voisin. A l'heure du petit-déjeuner il y a affluence sur la terrasse de l'épicerie-café du village.
Une vingtaine de hippies vêtus de ponchos et autres tuniques bariolées sirotent leurs jus sous le soleil matinal.
Dans un coin, les anciens attablés leur jettent des regards peu avenants.
« Toute ma vie j'ai travaillé. Cinquante ans dans la maçonnerie.
Ma femme tenait un commerce, alors les week-ends et les vacances j'ai pas connu.
Les voir vivre de mes impôts vous imaginez bien que ça ne me fait pas plaisir.
Ils rejettent le système mais faut pas croire, ils vivent tous du RMI, » lâche André.
Cette rengaine, Géraldine la connaît bien. « Pourtant c'est nous les hippies qui faisons vivre le coin.
Il suffit de regarder qui vient acheter son pain ici. Ce qui les dérange au fond, c'est qu'on n'ait pas le même mode de vie. »
Quelques centaines de mètres au-dessus de la source qui a longtemps fait la renommée de la cité thermale, elle se construit sa « maison des fées. » Une cabane en bois.
Pour l'instant des bâches plastiques font office de mur. « Je n'ai plus d'argent, il faudrait que je vende un tableau pour continuer. »
Elle vit là avec son fils de deux ans, attendant l'hiver avec appréhension. C'est une histoire d'amour qui l'a menée sur les contreforts du Bugarach.
Après des études dans le tourisme elle rencontre un Dj techno. Commence une vie de bohème. « J'ai pris pas mal de drogues. »
Cocaïne, MDMA… quinze années qui laisseront des séquelles : « Ça m'a cassée, j'ai des trous de mémoires. »
Jusqu'au basculement, le trip ultime sous LSD. « J'ai vu Dieu, vraiment ! Il m'a dit que je pouvais aider l'humanité, l'aider à changer.
Les drogues m'ont ouverte sur un autre monde. » Avec son compagnon, elle décide alors de venir s'installer dans ce petit coin de campagne.
« Parce qu'on connaissait les pouvoirs de cette montagne. »
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Manon des sources
A son arrivée elle occupait une minuscule roulotte encore posée sur un coin de son bout de terrain.
Son rêve, vivre de ses peintures et tirer les cartes, un don qu'elle a « développé » depuis qu'elle est ici.
« Mais on fait tout pour que je parte. La mairie refuse de me donner le certificat d'urbanisme.
Pourtant juste à côté ils ont bien pu construire. Ce qui les emmerde c'est ça. »
La jeune femme désigne une pierre dissimulée par les broussailles. Des bornes identiques jalonnent la montagne.
Elles indiquent le tracé souterrain de la source chaude qui irrigue les bains en contrebas.
« Le maire m'a même proposé de racheter ma parcelle. Mais je ne me laisserai pas faire.
Dans le village on est plus nombreux qu'eux et on compte bien prendre le pouvoir! »
La rumeur met en émoi le hameau depuis plusieurs semaines, aiguisant les tensions :
imaginez, les hippies seraient en train de s'inscrire sur les listes électorales en vue des prochaines échéances municipales.
Les « peluts » au pouvoir, impensable pour les Rennois historiques.
« Ils habitent à dix dans une maison et même ceux qui vivent dans la forêt se domicilient dans le village, » s'indigne André.
Le conflit ne date pas d'hier.
Les premiers vans se sont garés à l'ombre du pic à la fin des années soixante.
Voir les routards batifoler dans les sources chaudes n'est pas du goût de tout le monde.
« Ils se baignent avec leurs chiens et j'en ai même vu certains tout nus, en pleine action, s'étrangle André.
Ça a fait fuir les curistes tout ça ! »
C'est surtout le manque d'investissements qui semble avoir causé le plus de tort à l'activité.
Les installations vieillissantes sont alors délaissées au profit de cités thermales plus modernes.
« Et puis avant guerre, les moyens de locomotion actuels n'existaient pas.
Toutes les Pyrénées-Orientales venaient ici, » reconnaît le vieil homme.
« Avant, toutes les maisons logeaient des curistes. Nous on allait dormir dans les greniers. »
L'activité décline, entraînant à la fin des années soixante-dix une chute des prix de l'immobilier.
« Après ils ont vendu à n'importe qui. » Comprenez, les hippies.
L'ermite de la forêt
Si certains, au grand dam des riverains, se sont sédentarisés, il est encore difficile de trouver où se garer dans la commune,
tant les vans chatoyants occupent les places de parking.
Mais ceux-là encore ne sont que la partie visible d'une communauté plus grande.
Celle des habitants de la forêt. Face à la mairie de Rennes-les-Bains, une route serpente sur les coteaux de la montagne.
Après seulement quelques centaines de mètres, un sentier invisible pour les non-initiés, s'enfonce dans le sous-bois.
Il faut plus d'une demi-heure de marche encore avant qu'apparaisse une terrasse rocheuse.
Une grotte perce la montagne, un mur de pierres sèches en barre l'entrée.
Sur le pas de la porte, quelques rondins de bois entourent un feu de camp.
Un balai à la main, Étienne s'affaire. Il vit ici depuis quatre ans.
« Pour tenir, il faut s'organiser. » Sur le sol, aucun détritus.
Il est le seul habitant permanent du lieu mais, l'été principalement, des visiteurs le rejoignent.
« Il y a souvent quatre ou cinq personnes ici. »
Des gens de passage, « en quête de quelque chose.
Au bout de deux semaines certains ont le syndrome de l'ermite, avec la barbe et tout le folklore, »
commente laconiquement le jeune homme, propre et rasé de près.
Après « un accident de la vie », il décide de tout quitter.
« J'étais quelqu'un de discret, j'avais du mal à m'imposer, à trouver ma place. »
Il fait la route jusqu'à trouver son petit coin de paradis.
« J'avais besoin de prendre du recul vis-à-vis de la société. Ici je vis presque sans argent. »
Chaque jour Étienne fait le chemin jusqu'au village pour s'approvisionner en eau.
« L'hiver, parfois, je mange aux Restos du Coeur. Le reste du temps, je me débrouille. »
Dans un coin, quelques courgettes récupérées attendent au fond d'une cagette.
Un peu plus loin, un carré de terre fraîchement retournée, prémisses d'un futur potager.
Mais après quatre années dans les montagnes, Étienne envisage de repartir.
« Cette étape m'a permis d'évoluer spirituellement. »
Le magnétisme attribué à la montagne n'y serait pas étranger.
« Je sens que le monde est en train de changer.
Et puis en rêve, je vois une fille. Désormais, je dois aller à sa rencontre. »
Fuir la société
D'autres campements jalonnent les forêts environnantes.
Le long d'une des nombreuses rivières qui serpentent au pied du pic, quelques tentes entourent un petit feu.
« C'est un campement provisoire, » explique Sophie.
La jeune fille et son compagnon sont venus à Bugarach pour « fonder une communauté avec des gens qui, comme nous, rejettent le système. »
Un rêve vite abandonné, « on va acheter un van et partir en Amérique du Sud. »
Ce qui rassemble ces compagnons de la forêt, c'est un rejet commun de la société.
Souvent, comme Sophie, ils cherchent à « fuir un traumatisme. »
Elle n'en dira pas plus. Ici, on n'est pas très disert sur son ancienne vie.
Parfois, le soir au coin du feu, quand l'alcool bon marché commence à faire son effet, les langues se délient.
A la lumière des flammes, Benjamin, son bâton de pèlerin sur les genoux, évoque à voix basse son autre vie. Les télécoms, puis l'informatique.
L'argent, le succès, les fêtes. Un jour sa vie bascule. Il est condamné à trois ans de prison pour une affaire d'attouchement sur mineur.
Lui non plus n'entre pas dans les détails. Personne ne le questionne.
« On était en pleine affaire Outreau, » se justifie-t-il simplement. Il purge sa peine.
A sa sortie, il prend la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. Une quête spirituelle faite de rencontres.
Parfois, quand un détail lui échappe, Benjamin s'interrompt pour fouiller dans un de ses petits carnets griffonnés d'une écriture serrée.
« Je prépare un livre. Tous les bénéfices seront reversés à Ni putes ni soumises.
C'est bien ce qu'elles font pour aider les femmes violées. »
Son auditoire se fait plus attentif quand il évoque ce chamane qui l'a plongé dans une transe « trois jours durant, sans boire ni manger.
Ça m'a ouvert les yeux vers un autre monde. »
Puis un jour sur la route il « sent l'appel du Bugarach. Ici il existe un magnétisme unique au monde. »
Les autres acquiescent. On rencontre bon nombre de ces évadés de la société. Franck est l'un d'eux.
De son propre aveu, il est venu « se mettre au vert. »
Une longue cicatrice encore fraîche court sur son avant bras.
L'ancien cheminot, la quarantaine, parle d'une vie « remplie de conneries. »
Et puis l'envie d'une seconde chance. « Je suis venu à Bugarach panser mes plaies et repartir sur d'autres bases.
Je sais que le pic peut m'y aider. »
Tous les jours il applique de l'argile de la montagne sur sa cicatrice.
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Le tourisme spirituel
Sous l'impulsion des hippies arrivés à partir de la fin des années soixante, le Bugarach acquière cette dimension ésotérique.
Progressivement, la réputation du lieu dépasse les frontières de l'Aude.
Il est désormais fait référence à la montagne sacrée dans des publications du monde entier.
Selon, le pic rocheux serait « un vortex », une des « douze portes intersidérales d'accès au monde parallèle… »
Une nouvelle économie se développe dans la région : le tourisme spirituel.
Dès l'entrée du village, la profusion de pancartes multicolores attire l'oeil du chaland.
Elles invitent, moyennant subsides, à découvrir des médecines alternatives
comme « le Reiki », « le Qi Gong », ou encore « la Géobiologie… »
C'est dans l'arrière-boutique d'un magasin de produits du terroir, que Corine accueille ses clients.
Elle les invite à s'allonger sur une étrange machine : « le Bemer. »
L'engin permettrait de « réguler l'énergie biomagnétique du corps. »
La quarantaine, souriante, elle détaille les propriétés thérapeutiques de son installation.
Les ondes magnétiques relanceraient la circulation sanguine.
Un soin « recommandé pour toutes les maladies » qui selon elle résulteraient « d'une altération de l'énergie vitale. »
Vocabulaire scientifique, ésotérique et références religieuses s'entremêlent. Des « bricolages » caractéristiques des mouvements spirituels New Age.
L'oracle de Marie-Madeleine
Delphine, ancienne professeur d'anglais prétend même pouvoir « fusionner son énergie à celle de Marie-Madeleine. »
Sur la place de Rennes-les-Bains, une affiche représentant la disciple de Jésus, signale la porte d'entrée du sanctuaire.
La médium guide le visiteur vers la cave de la petite maison. Après un escalier en colimaçon s'ouvre une pièce éclairée à la bougie.
Des peaux de serpents masquent les tuyaux d'évacuation des eaux.
Au sol, des tapis souples. Sur les murs, plusieurs représentations de la sulfureuse Marie-Madeleine
– selon certains manuscrits apocryphes elle aurait été la maîtresse du Christ.
Une croyance populaire, relayée par le roman Da Vinci Code, place la descendance de Jésus à Rennes-le-Château.
Une commune située à seulement dix kilomètres de là.
Delphine se dit « inspirée par la puissance d'amour et de compassion de Marie-Madeleine.
Elle m'apprend à aimer et me laisser aimer. » Un discours calibré pour sa clientèle.
« Le public qui vient en séjour spirituel ici, est composé majoritairement de femmes célibataires,
entre quarante et soixante ans, explique Philippe Marlin, libraire dans la commune et auteur de la postface du Phénomène Bugarach.
Ce sont surtout des cadres ou des professions libérales qui viennent en stage ici ».
Ses séances de voyance, Delphine les propose sur rendez-vous mais aussi par correspondance.
Son site internet explique la démarche à suivre :
« Vous m'envoyez un mail où vous exprimez l'ambiance de votre vie puis vous me dites quels sujets vous désirez que la Parole aborde.
J'enregistre le message et je vous l'envoie par internet […] Dans les quinze jours qui suivent votre paiement et votre mail, je vous envoie le fichier.
Que la Parole soit… »
En plus de la voyance numérique, Delphine a créé un jeu de cartes disponible dans toutes les Fnac de France.
Marie-Madeleine lui donnerait-elle aussi le sens des affaires ?
L'assureur converti en « passeur de crânes »
C'est en répondant à une annonce postée sur le site internet onvasortir.com - le site gratuit des sorties entre amis -
que Carole découvre cette « visite de Bugarach » et « des propriétés minérales » du lieu.
A quarante ans, divorcée, elle avoue une certaine solitude.
Derrière l'invite postée sur internet se cache Marc, « coach en développement personnel. »
C'est lui qui organise le séjour.
Avant l'ascension du pic, Marc les conduit chez Bruno, « passeur de crânes. »
Une lumière tamisée, au sol quelques fourrures sur lesquelles reposent en cercle des crânes taillés dans la pierre.
Face au groupe attentif, Bruno raconte « la rencontre » avec son premier crâne.
L'origine extra-terrestre de son pouvoir.
L'appel, les rêves, les visions et enfin son cheminement vers une vie plus heureuse.
Certains serrent déjà dans leurs bras l'un des « artefacts. »
Pour Bruno, l'objet les a « déjà choisis. » Carole acquiesce.
Assise en tailleur dans un coin, elle enlace un crâne en quartz rose de huit kilos.
Quand l'un des participants évoque presque innocemment la question du prix, le maître de cérémonie évacue le sujet :
« c'est le pendule qui choisira le prix. »
Pourtant, sous chacun des objets un chiffre, le poids, véritable base de calcul des tarifs.
Mais le temps des affaires n'est pas encore arrivé.
Cérémonie mystique au bord de l'eau
La petite troupe se dirige vers « la cascade des amoureux. »
Au coeur de la forêt, la dizaine de participants s'assied en cercle sur une roche au bord de l'eau.
Bruno explique la signification du lieu, vu en rêve et le message transmis par l'un des crânes, lui demandant de les emmener ici.
Il demande à chacun de faire appel à « l'énergie première de la forêt. »
Tous en choeur ils lancent un « Om ! » cri primaire emprunté au bouddhisme.
La complainte, répercutée par l'écho, raisonne près de dix minutes dans la forêt.
Puis les participants sont invités à « envoyer un rayon lumineux. »
« Je suis Bruno, je mets un rayon jaune au centre de notre cercle. »
Chacun choisit sa couleur et prononce la phrase rituelle.
La cérémonie se poursuit par une séance de méditation d'une dizaine de minutes.
Puis Bruno les invite à « partager [leurs] expériences. »
« J'ai vu une silhouette au crâne allongé, là juste derrière moi, » explique Carole.
En face une autre jeune femme renchérit. « J'ai aussi senti une présence à cet endroit. »
Carole poursuit la description de sa vision.
« Ma tête s'est ouverte, à l'intérieur une lumière comme souterraine. »
Bruno appuie son discours « Quand je parlais d'une origine extra-terrestre, ça pouvait aussi bien être intra-terrestre. »
Quelques minutes plus tard, encore tremblante, elle confie vivre un des moments les plus riches en émotion de son existence.
De retour chez Bruno elle hésite toutefois encore à partir avec le crâne.
Le maître le lui confie jusqu'au lendemain où elle doit faire l'ascension du pic.
C'est là qu'elle prendra sa décision. Sa toiture qui fuit peut bien attendre.
Ses 2500 euros d'économie seront consacrés à l'achat du crâne en quartz rose.
© MATHIEU MOLARD
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