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Clipperton est l'atoll le plus isolé du monde, mais aussi le plus surprenant et le plus controversé. Qui connaît pourtant cette possession française perdue dans les confins du Pacifique oriental ? Tête d'épingle sur une mappemonde, à l'écart des grandes routes maritimes, ce morceau de terre est éloigné de tout : Paris est à près de 11 000 kilomètres à vol d'oiseau, Papeete en Polynésie française à 5 400 kilomètres, et le Mexique, la terre la plus proche, à plus de 1 100 kilomètres au nord-est.
De forme subcirculaire, Clipperton est une île d'origine volcanique ceinturée par une barrière de brisants rendant son accès depuis l'océan extrêmement difficile. Un lagon est contenu par un mince cordon de sable, de coraux morts et de guano, soit 1,7 km² de terres émergées, habitées à l'année par des oiseaux marins, des crabes terrestres et des rats, tandis que ses eaux sont fréquentées par des requins, des thons et des poissons récifaux en tous genres. Pareilles richesses naturelles ne pouvaient qu'aiguiser les appétits de l'Homo sapiens. Surpêche, pollution plastique, narcotrafic… l'endroit concentre à lui seul bon nombre des maux de nos sociétés modernes, et ce malgré son isolement. Érosion du littoral, suprématie du rat au détriment du crabe, reconquête en moins d'une décennie de plus de la moitié des terres par un couvert végétal, cyclones à répétition (26 en moyenne par an)… Les pressions sont toujours plus fortes sur cet écosystème insulaire, comme si ce bout du monde était une île-miroir. Et si finalement l'avenir de notre planète se jouait à Clipperton, code postal : 98 799 ?
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| La stèle et son mât rénovés, les marins de la frégate de surveillance F735 Germinal hissent les couleurs pour marquer la souveraineté de la France sur ce caillou du Pacifique. À chacune de leurs escales, les marins militaires ne manquent jamais de restaurer les marques de la République qui ont été taguées ou détruites.
© STÉPHANE DUGAST / AGENCE ZEPPELIN
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Pour l'heure, ce territoire ultra-marin, propriété définitive de la France depuis 1931, est géré en pointillés, et ce, faute de moyens, d'ambitions et de visions. La présence française se manifeste par l'envoi d'un navire de la Marine nationale en patrouille à Clipperton et dans les parages tous les deux ans en moyenne. Sa zone économique exclusive (ZEE) attenante est pourtant immense (quasiment aussi grande que la France métropolitaine) et riche en ressources autant minières qu'halieutiques.
Embarquement aux côtés des marins de la frégate F735 Germinal envoyés en avril 2023 en mission de surveillance dans l'océan Pacifique oriental, et plus spécifiquement à Clipperton. Leur objectif ? Réaffirmer la souveraineté de la France sur ce caillou de la République, et intercepter tout trafic illicite dans sa ZEE. Une mission essentielle compte tenu des enjeux maritimes et environnementaux actuels. L'île-miroir délivrera-t-elle de nouveaux secrets ?
Stéphane Dugast
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