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Originaire des Pyrénées, j'arpente la montagne depuis tout jeune. Il y a 12 ans, encore adolescent, un ami randonneur me parle d'un animal invisible qui est l'emblème des Pyrénées : le desman.
Depuis, lors de chacune de mes excursions, je scrute les cours d'eau avec attention, passant parfois plusieurs heures à regarder un étang dans l'espoir d'être l'une des rares personnes à observer celui qu'on surnomme « le rat trompette ».
Mais il n'est jamais venu à moi.
En 2016, après avoir photographié les quatre coins de la planète, je rencontre par hasard Frédéric, un scientifique spécialiste du desman.
De cette amitié va naître le projet de photographier l'animal dans l'eau pendant sa chasse – pour la première fois – et d'en faire un reportage. Retour aux origines.
Alors qu'avec sa collègue Mélanie, ils travaillent depuis 10 ans sur le desman, ils ne l'ont vu qu'une fois dans la nature. Leur première réaction lorsque je leur présente mon projet (qui deviendra aussi le leur) est unanime :
« Tu n'y arriveras jamais… Essaye de le voir depuis la terre et on en reparlera ! » Il n'en fallait pas plus pour me lancer dans cette traque photographique désespérée.
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Présent dans tout le massif pyrénéen, dont il est endémique, le desman est malheureusement invisible dans la plupart des cours d'eau. Combien sont-ils ? Nul ne le sait.
Il faut le chercher dans des petits lacs de haute altitude avec une bonne visibilité pour espérer l'observer. Mélanie et Frédéric m'en conseillent un dans le Parc national des Pyrénées, à plusieurs heures de marche.
Je tente ma chance. Dès la première heure, je l'observe brièvement, mais je passe ensuite plusieurs jours sans le revoir. Seul dans la montagne, je garde son image en tête comme un rêve.
Il faut dire que ce mammifère est extrêmement rapide, soulevant beaucoup de sédiments et se cachant dans les moindres anfractuosités. Je décide de remonter quelques jours plus tard avec une équipe.
Alors que nous le repérons en quelques heures, il faudra plusieurs jours pour comprendre ses habitudes, arriver à nager à ses côtés et prendre les premières photos sous-marines de cet invisible « dahu des Pyrénées ».
Des images jusqu'alors inédites.
Plus tard, pour finir le reportage sur les travaux scientifiques, j'assiste à des captures dans la rivière proche de mon village d'origine, dans la haute vallée de l'Aude.
Que de bonheur et de rage de voir capturer en une nuit trois desmans, sur un linéaire de 100 mètres, à quelques mètres seulement de ma maison, là où je l'ai cherché pendant des années.
Il était pourtant là !
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