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LA SANCH PORTRAIT D'UN JEUNE PÉNITENT
PERPIGNAN, PYRÉNÉES-ORIENTALES, FRANCE  •  PHOTOS © JOANNA MARCHI / AGENCE ZEPPELIN
Christ, caparutxes, misteris… la procession de la Sanch peut être déstabilisante pour qui n'en connaît pas les tenants et les aboutissants. Cette tradition catalane, datant du Moyen Âge, célèbre le Vendredi saint. Chaque année, les membres de l'Archiconfrérie de la Sanch se rassemblent dans le cœur historique de Perpignan pour perpétuer, ensemble, la Passion du Christ. Parmi eux, Charles, l'un des plus jeunes pénitents, a l'honneur de porter le Dévot-Christ.  LIRE LA SUITE
[Perpignan, France] Il est 20 heures, en ce Mercredi saint, lorsque les membres de la confrérie commencent la procession au cœur de la ville. Portant la Creu dels Improperis (« croix des outrages » en catalan), symbole des instruments de la Passion du Christ, hommes et femmes entament la marche sacrée autour du Campo Santo, le plus ancien et vaste cimetière médiéval de France.





[Perpignan, France] Durant le Mercredi saint, les membres de la confrérie s'engagent dans une marche sacrée le long des rues bordant la cathédrale Saint-Jean-Baptiste.


[Perpignan, France] Munis de lanternes et des emblèmes de la Passion du Christ, les membres de la confrérie pénètrent dans l'édifice religieux dans une atmosphère de recueillement.
Pour les Chrétiens, la Semaine sainte correspond aux sept jours qui précédent Pâques. Elle commémore l'ensemble des événements qui ont accompagné la mort de Jésus de Nazareth.


[Perpignan, France] Les membres de la confrérie suivent les quatorze stations du Chemin de Croix, retraçant les moments marquants de la Passion du Christ, de sa condamnation à sa mise au tombeau.


[Perpignan, France] Le cortège sort de la la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. La procession est rythmée par des chants, des prières et des prédications, renforçant l'intensité spirituelle de cette veillée.
PÉNITENT, UNE PLACE D'HONNEUR
[Perpignan, France] Charles fait partie des plus jeunes pénitents. Issu d'une famille profondément ancrée dans l'histoire de la Sanch, le garçon de 16 ans se prépare à rejoindre sa confrérie pour la procession du Vendredi saint. Charles préfère se raconter face cachée, à la fois pour ne pas « démystifier son approche avec la foi », mais également pour contourner les jugements d'une société « encore empreinte de préjugés.





[Perpignan, France] Dans la chapelle du Dévot-Christ, attenante à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, Charles et ses trois confrères revêtent leurs habits religieux en vue de la procession. Seuls quatre pénitents ont l'honneur et la responsabilité de porter cette précieuse représentation du Christ.


[Perpignan, France] Chaque confrérie arbore un écusson cousu sur sa capuche. Celui-ci arbore plusieurs symboles : le nom de la confrérie, sa date de création, les cinq gouttes de sang symbolisant les plaies du Christ, ainsi que la capuche rouge et la couronne d'épines, évoquant la pénitence et la Passion.
[Perpignan, France] Les caparutxes, ces capuches en forme de corne, sont aujourd'hui fabriquées en carton. Autrefois, elles étaient conçues en bois ou en fer. L'histoire raconte que la caperutxa fut instaurée pour protéger les pénitents des violences populaires. En dissimulant leur visage, condamnés et pénitents provoquaient la colère des passants, frustrés de ne plus pouvoir identifier les condamnés à mort. La foule, en colère, lançait alors divers projectiles sur le cortège. Pour se protéger, les pénitents ont ainsi imaginé cette capuche renforcée.





[Perpignan, France] Les quatre pénitents prennent place face au Dévot-Christ pour se recueillir dans un silence absolu. Des fidèles sont également présents dans la chapelle, partageant ce moment de ferveur et de prière.


[Perpignan, France] D'origine espagnole, le Dévot-Christ est une sculpture en bois figurant Jésus de Nazareth amaigri, marqué par la souffrance. Son visage, empreint de douleur, témoigne de l'intensité de sa Passion.
FERVEUR JUSQU'À LA CATHÉDRALE

À l'origine de l'Archiconfrérie, tous les pénitents étaient vêtus de noir, tandis que les hommes de loi, tels que les juges et magistrats, portaient du rouge pour éviter de se faire lapider. Cette tradition perdure encore aujourd'hui : seuls, le regidor (le premier du cortège), les porteurs de l'Ecce omo (le Christ pressenti devant la loi) et les pénitents portant le Dévot-Christ portent le rouge.
[Perpignan, France] Charles et ses trois confrères s'avancent lentement, portant le Dévot-Christ en direction de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste.





[Perpignan, France] Chaque année, près de 10 000 personnes se rassemblent pour assister à la procession. Les Perpignanais répondent présent, tout comme les habitants des villages environnants ainsi que de nombreux Espagnols venus spécialement pour l'événement.


[Perpignan, France] Les membres de la confrérie reconstituent le chemin des condamnés à mort, voués à être crucifiés. Tout au long de la procession, les pénitents portent les misteris, des statues en bois grandeur nature illustrant les différentes scènes de la Passion du Christ.


[Perpignan, France] Pendant près de deux heures, les hommes encapuchonnés et les femmes vêtues de mantilles avancent en silence dans les rues jusqu'à rejoindre le Dévot-Christ. Certains pénitents marchent pieds nus, intensifiant ainsi l'acte de pénitence.


[Perpignan, France] Les quatre pénitents, dont Charles, ont pour mission d'escorter et de veiller le Dévot-Christ. Une fois arrivés sur la place de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, les membres du cortège se présenteront tour à tour devant cette représentation du Christ en signe de dévotion.
ÉGLISE SAINT-JACQUES, LIEU DE MÉMOIRE

Après plus de deux heures de procession, le cortège regagne son point de départ : l'église Saint-Jacques. Véritable berceau de la Sanch, ce sanctuaire constitue l'une des plus anciennes paroisses de Perpignan. Si elle a toujours eu un rôle religieux majeur, elle est devenue un lieu central pour la communauté lors de la création de la confrérie. Aujourd'hui encore, elle demeure un symbole fort de l'identité perpignanaise et attire ceux qui s'intéressent à l'histoire et aux traditions locales.
[Perpignan, France] L'église Saint-Jacques abrite une chapelle dédiée à la Sanch, servant à la fois de lieu de recueillement et de préparation pour les membres de la confrérie. On y trouve des statues religieuses, des misteris, ainsi que divers objets rappelant l'histoire et les symboles de la Passion du Christ.





[Perpignan, France] Une fois la procession terminée, les symboles et ornements sont soigneusement rangés et conservés dans leurs édifices respectifs jusqu'à l'année suivante.


[Perpignan, France] Pour Charles, la fin de la procession marque le retour à la vie quotidienne. Ainsi la procession de la Sanch constitue-t-elle une véritable parenthèse spirituelle.
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LA PHOTOGRAPHE  JOANNA MARCHI
Diplômée d'un master en journalisme, Joanna débute sa carrière en radio. Globe-trotteuse depuis son plus jeune âge, elle attrape le « virus polaire » en 2021, lors de sa première croisière d'expédition au pôle Nord en tant que photographe. Depuis, elle partage son temps entre l'Arctique et l'Antarctique, perfectionnant son art de la photographie animalière et tissant des liens forts avec les communautés inuites. Joanna consacre également une partie de son travail à documenter des métiers ancestraux et des traditions familiales en voie de disparition, préservant ainsi leur mémoire à travers ses reportages.