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LA SANCH PORTRAIT D'UN JEUNE PÉNITENT
PERPIGNAN, PYRÉNÉES-ORIENTALES, FRANCE  •  PHOTOS © JOANNA MARCHI / AGENCE ZEPPELIN
Christ, caparutxes, misteris… la procession de la Sanch peut être déstabilisante pour qui n'en connaît pas les tenants et les aboutissants. Cette tradition catalane, datant du Moyen Âge, célèbre le Vendredi saint. Chaque année, les membres de l'Archiconfrérie de la Sanch se rassemblent dans le cœur historique de Perpignan pour perpétuer, ensemble, la Passion du Christ. Parmi eux, Charles, l'un des plus jeunes pénitents, a l'honneur de porter le Dévot-Christ.
Fondée en 1416 par Vincent Ferrier en l'église Saint-Jacques de Perpignan, l'Archiconfrérie de la Sanch – dont le nom signifie « sang » en catalan – avait pour mission d'accompagner les condamnés à mort dans leur dernier voyage, à l'image du Christ. Au fil des siècles, l'Archiconfrérie a dû surmonter de nombreux obstacles. « À l'époque de la Révolution, la foi catholique était respectée, mais certains ont détourné cette procession pour flatter leur ego. Cela a contribué au déclin de la confrérie et laissé des traumatismes chez de nombreux pénitents », explique Charles. Ces dérives ont mené à des débordements, comme la flagellation publique, entraînant l'interdiction des processions dans les rues de Perpignan. Suite à la séparation de l'Église et de l'État au début du XXe siècle, la procession ne fut pas reconnue comme patrimoine culturel, ce qui mit un frein à toute tentative de renaissance.

Dans les années 1950, un groupe d'hommes redonne vie à l'Archiconfrérie, parmi lesquels l'arrière-arrière-grand-oncle de Charles. Toutefois, cette confrérie continue de susciter des controverses. Son histoire et ses valeurs, profondément ancrées dans la foi et dans la tradition, sont parfois mal interprétées et alimentent encore aujourd'hui des débats à Perpignan. Ce climat de méfiance conduit de nombreux pénitents à dissimuler leur engagement auprès de l'Archiconfrérie.

Joanna Marchi
LA PHOTOGRAPHE  JOANNA MARCHI
Diplômée d'un master en journalisme, Joanna débute sa carrière en radio. Globe-trotteuse depuis son plus jeune âge, elle attrape le « virus polaire » en 2021, lors de sa première croisière d'expédition au pôle Nord en tant que photographe. Depuis, elle partage son temps entre l'Arctique et l'Antarctique, perfectionnant son art de la photographie animalière et tissant des liens forts avec les communautés inuites. Joanna consacre également une partie de son travail à documenter des métiers ancestraux et des traditions familiales en voie de disparition, préservant ainsi leur mémoire à travers ses reportages.