[Versailles, France]
La momie de Setjaimengaou a souffert de son débandelettage réalisé à son arrivée en France en 1839. Cette pratique, courante au XIXème siècle pour mettre au jour les amulettes et autres trésors supposés dissimulés dans les bandelettes, a endommagé les extrémités du corps. Les pieds, maintenus pendant des siècles par leur gangue de textile, ont particulièrement pâti de ces manipulations brutales ainsi que de leur exposition à l'air et à la lumière qui ont accéléré leur dislocation.
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[Versailles, France]
Teinte spécialement, la fine toile de coton a été introduite sous les bandelettes du pied. Elle sert d'assise aux points de couture effectués avec un fil de soie très fin teint de couleur assortie. L'excédent de toile sera par la suite découpé tout en prenant soin de laisser une marge qui viendra se placer sous le reste de la bandelette en place sur le pied. Une couverture de crêpeline viendra enfin consolider l'ensemble. Cette opération nécessitera un travail en commun des restauratrices. L'intervention est totalement réversible.
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[Versailles, France]
Les points de consolidation sont réalisés par des doublages au papier japon encollé avec un adhésif en faible quantité. « Une des gageures du métier consiste à réaliser des interventions suffisamment solides pour maintenir les éléments affaiblis, mais toujours moins résistantes que le matériau traité », explique Laure Cadot, restauratrice en charge de la momie. « Une restauration réussie doit, en cas de tension ou de choc, lâcher avant la matière originelle. » Tous les matériaux et produits employés doivent répondre à des critères de stabilité chimique, d'innocuité et de réversibilité dans le temps.
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[Versailles, France]
Laure Cadot teste le positionnement des pieds et des bandelettes. « C'est assez rare de travailler sans gant sur des momies, mais l'appréciation des textiles ne peut se passer du toucher. Cela permet de ressentir la rigidité et le niveau de résistance. Notre ouïe permet également d'apprécier la présence de cavités, ou simplement d'identifier certains matériaux par leur résonance. L'odorat entre aussi en jeu, particulièrement pour les momies, dont les baumes souvent constitués de résines végétales ou de cire, dégagent encore leurs odeurs si caractéristiques des siècles plus tard ! », témoigne la restauratrice.
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