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LE PÈLERIN DE SAINT-GUILHEM
DE PEYRE-EN-AUBRAC (LOZÈRE) À SAINT-GUILHEM-LE-DÉSERT (HÉRAULT), FRANCE  •  PHOTOS © ANTOINE MERLET / AGENCE ZEPPELIN
Emprunter à pied une trace historique entre le Gévaudan et le Languedoc en plein hiver et dans les conditions les plus proches de celles du XIIIe siècle, c'est la nouvelle aventure de Willy Minec. Un singulier pèlerin qui s'est mesuré au chemin de Saint-Guilhem-le-Désert pour mieux répondre à une question fascinante : comment voyageait-on au Moyen Âge ? En 16 jours, le Français a randonné dans des vêtements en lin, en feutre et en cuir, réfléchis et conçus avec l'aide de médiévistes. Chaussé de socques en bois, il a ainsi parcouru 300 kilomètres en évitant les ponts modernes, dormant dans des gîtes, des églises ou des abris paysans. Une expérience qui soulève mille autres questions pratiques et culturelles.
[Aniane, Hérault] Willy Minec passe devant une station-essence. Il s'entraîne à marcher avec ses socques et ses vêtements du XIIIe siècle.





[Aniane, Hérault] À son domicile, Willy Minec vérifie que tout son équipement est prêt pour commencer l'aventure. Chaque objet a été réfléchi et conçu grâce aux conseils d'historiens et aux savoir-faire d'artisans médiévistes.


[Peyre-en-Aubrac, Lozère] À la veille du départ, Willy et son père, Patrick, se coordonnent pour le parcours du lendemain. Le randonneur passera sa dernière nuit dans le camping-car, et avec des vêtements contemporains.


[Peyre-en-Aubrac, Lozère, 1er jour] Willy pose devant l'église Saint-Étienne. Ici commence le fameux chemin de Saint-Guilhem-le-Désert qu'il s'apprête à parcourir.


[Peyre-en-Aubrac, Lozère, 1er jour] Willy quitte l'asphalte pour emprunter le premier chemin de terre. Il voyage sans moyen de communication, ni batterie d'aucune sorte.
[Prinsuéjols-Malbouzon, Lozère, 1er jour] Willy Minec franchit un muret en pierre sèche à l'aide d'un échalier en bois. À mesure qu'il s'éloigne du bourg vers l'ouest, le paysage s'ouvre, mis à valeur par des siècles d'agropastoralisme.





[Marchastel, Lozère, 1er jour] Willy observe le plateau de l'Aubrac depuis le Roc des loups, un chaos granitique qui culmine à 1273 mètres d'altitude. Il emprunte la via Podiensis (vers Compostelle) qui se confond localement avec le chemin de Saint-Guilhem.


[Marchastel, Lozère, 1er jour] Willy franchit le ruisseau de la Peyrade. Il jette d'abord son sac contenant ses affaires avant de sauter lui-même sur l'autre rive. Il a pris soin d'enlever ses socques (chaussures en bois) pour ne pas se fouler les chevilles.
[Marchastel, Lozère, 1er jour] Willy Minec se retourne pour admirer le Roc des loups. Il longe l'un des innombrables murets en pierre sèche qui caractérisent le paysage pastoral de l'Aubrac.





[Marchastel, Lozère, 1er jour] Willy entre dans l'ancien four banal du hameau de Rieutort-d'Aubrac où il va passer la nuit. Construit à l'époque médiévale, c'est ici que les villageois se retrouvaient pour cuire leurs pains. Désormais propriété de la commune, cet abri de fortune lui a été ouvert à sa demande.


[Marchastel, Lozère, 1er jour] Willy mange de la porée (soupe de poireaux, d'oignons et de saucisse de porc) avec de la vaisselle en bois (écuelle, cuillère) au sein de l'ancien four banal de Rieutort-d'Aubrac. « C'est la même nourriture que celle des pèlerins au XIIIe siècle », explique le randonneur.
[Nasbinals, Lozère, 2e jour] Willy Minec traverse le Bès à gué, malgré un courant important. Il garde ses affaires (vêtements en laine et chaussures) au sec, tandis que son bourdon (bâton de pèlerin) lui fournit une aide précieuse pour sonder le fond de l'eau froide. « Je ne me voyais pas emprunter le pont de Bukinkan puisqu'il n'a été construit qu'au XVIe siècle. Or mon expérience doit se rapprocher de celles du XIIIe siècle », explique le randonneur qui a lu plusieurs récits à propos de cette traversée éprouvante.





[Nasbinals, Lozère, 2e jour] Willy traverse le bourg de Nasbinals, mais la réapparition du bitume lui pose un défi : « Pour moi c'est douloureux, et en plus ça abîme mes socques ! » confie le randonneur.


[Nasbinals, Lozère, 2e jour] Inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO, ce tronçon entre Nasbinals et Saint-Chély-d'Aubrac n'en est pas moins éprouvant pour le randonneur qui doit endurer de violentes bourrasques.
[Nasbinals, Lozère, 2e jour] Willy Minec suit le GR65 pour gagner le col d'Aubrac qui sépare les départements de la Lozère et de l'Aveyron.





[Saint-Chély-d'Aubrac, Aveyron, 2e jour] Fatigué par le vent qui a soufflé fort pendant toute la journée, Willy arrive au village d'Aubrac où il a prévu de passer la nuit.


[Saint-Chély-d'Aubrac, Aveyron, 2e jour] Willy retrouve Patrick, son père, qui l'accompagne d'étape en étape. Le camping-car fournit une aide logistique pour le randonneur.


[Saint-Chély-d'Aubrac, Aveyron, 2e jour] Willy observe le paysage qui s'obscurcit depuis la Tour des Anglais. Située dans le village d'Aubrac, cette tour fait partie d'un ancien monastère fondé en 1125. Le site est donc fréquenté par les pèlerins depuis 900 ans.


[Saint-Chély-d'Aubrac, Aveyron, 3e jour] Willy soigne ses pieds qui se blessent facilement avec les socques (chaussures au bois). Ici dans le camping-car de son père, le randonneur prend le temps de mettre des pansements avant d'entamer sa troisième journée.


[Saint-Chély-d'Aubrac, Aveyron, 3e jour] En chemin vers le Roc de Campuels, Willy pénètre dans une forêt dont le chemin caillouteux est rendu compliqué par ses socques (chaussures en bois).


[Saint-Chély-d'Aubrac, Aveyron, 3e jour] Willy s'asseoit au pied de la croix de la Vaysse. Si sa démarche n'a pas de connotation religieuse, les croix qui jalonnent son chemin l'incitent souvent à faire une halte.
[Saint-Chély-d'Aubrac, Aveyron, 3e jour] Willy Minec longe la tourbière de Montorzier en empruntant le GR670.





[Prades-d'Aubrac, Aveyron, 3e jour] Le pique-nique est composé de pain, de viande de bœuf salée et séchée (type viande des Grisons) et de fromage (type Cantal), un régime alimentaire calqué sur celui des pèlerins au XIIIe siècle.


[Blandas, Gard, 13e jour] Dans la salle de bains du camping-car de son père, Willy se lave les dents avec une pâte telle qu'on en utilisait au XIIIe siècle. Il ne dormira pas dans le véhicule, mais dans l'église Saint-Baudile.
[Blandas, Gard, 13e jour] Devant le camping-car de son père, Willy Minec se lave à sec en utilisant la même méthode qu'au XIIIe siècle.





[Blandas, Gard, 14e jour] Willy rassemble ses habits sur l'autel de l'église Saint-Baudile où il vient de passer la nuit. Il en a demandé l'autorisation à la mairie qui l'a mis en relation avec la sacristine.


[Blandas, Gard, 14e jour] Willy observe une statue représentant saint Roch. Né à Montpellier vers 1350, ce pèlerin thaumaturge est devenu le saint patron des pèlerins, et d'autres corporations.
[Blandas, Gard, 14e jour] Willy Minec arrive au cirque de Navacelles. Ci-contre à droite, au fond des gorges de la Vis, on distingue le hameau de Navacelles.





[Blandas, Gard, 14e jour] Willy observe la cascade de la Vis au fond du cirque de Navacelles.


[Blandas, Gard, 14e jour] Willy traverse le pont sur la Vis, passant du Gard à l'Hérault.


[Saint-Maurice-Navacelles, Hérault, 14e jour] Les socques de Willy sont abîmés par la marche. Il doit les réparer s'il ne veut pas tomber.


[Saint-Maurice-Navacelles, Hérault, 14e jour] Au parking du belvédère de la Baume Auriol, Willy confie la réparation de ses socques à son père.
[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault] Patrick se charge de l'intendance lors de la longue marche de son fils Willy. Ici, il fait le plein de carburant pour le camping-car qui tient lieu de base arrière.





[Saint-Maurice-Navacelles, Hérault, 14e jour] Willy et son père cuisinent dans le camping-car. Le repas du randonneur est composé de la même nourriture que celle des pèlerins au XIIIe siècle.


[Saint-Maurice-Navacelles, Hérault, 14e jour] Dans l'église de La Clastre, où il passera la nuit, Willy supervise les réparations de son père qui ajuste les socques avec une visseuse.
[Saint-Maurice-Navacelles, Hérault, 15e jour] Willy Minec traverse une parcelle où sont entreposées des voitures hors d'usage.





[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy franchit les derniers kilomètres qui le séparent de son but final : l'abbaye de Gellone.


[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy observe le bourg de Saint-Guilhem que domine le Château du Géant (ici en arrière-plan).
[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy observe le bourg de Saint-Guilhem, situé aux confins du Massif central.





[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy réalise la descente finale vers l'abbaye de Gellone. Ici le prestigieux sentier a été pavé.


[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy marche dans les petites rues de Saint-Guilhem sous les regards surpris des « Saute-Rocs ».


[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy s'entretient avec Philippe Cabrol, membre de l'association Chrétiens & Cultures et vice-président du Festival chrétien du cinéma. Plusieurs historiens sont interviewés par le randonneur qui veut mettre en perspective sa propre expérience, et ainsi l'enrichir.


[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy entre dans l'abbatiale de Gellone où repose le corps de saint Guillaume, son fondateur. Vénéré peu de temps après sa mort, le site attire depuis un grand nombre de pèlerins, en particulier ceux qui se dirigent vers Saint-Jacques-de-Compostelle par la voie d'Arles, mais aussi depuis l'Aubrac.
[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy Minec pénètre dans le cloître de l'abbaye de Gellone.





[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy admire le cloître de l'abbaye bénédictine de Gellone, fondée en 804 par Guillaume de Gellone (canonisé en 1066).


[Saint-Guilhem-le-Désert, Hérault, 16e jour] Willy enfile ses chaussures de randonnée. Ainsi change-t-il de vêtements pour la première fois depuis 16 jours et quelque 300 kilomètres.
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LE PHOTOGRAPHE  ANTOINE MERLET
Photoreporter indépendant, Antoine travaille pour la presse régionale et nationale. Après avoir donné des cours de sport pendant cinq ans, il s'est engagé dans le journalisme, orientant ses travaux vers les luttes sociales. Il aime prendre le temps de comprendre un sujet avant de s'y engouffrer. Exposé aux Rencontres d'Arles en 2017, à la Galerie VU' en 2020, et projeté au festival Visa pour l'image en 2021, il sait sortir de sa zone de confort pour travailler avec des rédactions comme M Le Monde, Télérama, Le Figaro, Libération, La Croix, ou encore Vice.