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PYRÉNÉES : STUPEUR ET TREMBLEMENTS
TOULOUSE, TARBES, ARETTE ET CAMPAN  •  PHOTOS © PASCAL THOLE / AGENCE ZEPPELIN
Les Pyrénées tremblent. Rien de nouveau, et pourtant, les sismologues n'ont de cesse de se creuser la tête. Du Pays basque jusqu'à la Méditerranée, la collision des plaques ibérique et eurasienne provoque d'imprévisibles secousses. En présence d'enjeux humains, économiques ou environnementaux, elles constituent un risque naturel qui doit être pris au sérieux. Ainsi peuvent en témoigner les habitants d'Arette qui, en 1967, ont vu leur village détruit par un séisme. Ou plus récemment, en 2020, lorsqu'une rivière a été subitement engloutie sous le village de Sainte-Marie de Campan. Des bouleversements que l'Observatoire Midi-Pyrénées se charge d'élucider, quitte à chausser les skis pour disséminer des capteurs sismiques.  LIRE LA SUITE
[Montferrier, Ariège] Le vent ondule la surface de l'étang de Fage Belle, à 1745 mètres d'altitude dans le massif de Tabe. Ici, en Ariège, la sismicité est moindre que dans les Pyrénées-Atlantiques ou les Hautes-Pyrénées, bien que la Faille nord-pyrénéenne passe à proximité. Cette faille, qui court du Pays basque jusqu'à la Méditerranée, marque la collision des plaques ibérique et eurasienne. Les tremblements qu'il en résultent sont des aléas naturels. Ils ne constituent un risque qu'en présence d'enjeux humains, économiques ou environnementaux.





[Toulouse, Haute-Garonne] Sébastien Benahmed, technicien en sismologie à l'Observatoire Midi-Pyrénées, est alerté si un tremblement est décelé sur plusieurs stations. Ici, il montre une secousse enregistrée, en direct, et localisée dans l'arrière-pays de Perpignan. « Il s'agit probablement d'un tir de carrière ; c'est fréquent dans cette partie orientale des Pyrénées », déduit l'ingénieur.


[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Les données des stations temporaires doivent être régulièrement relevées. Ici au volant d'une camionnette, Frank Grimaud, technicien en sismologie à l'Observatoire Midi-Pyrénées, part sur le terrain à la journée – parfois plus longtemps. Il doit emporter tout le matériel nécessaire, mais aussi des outils de bricolage pour répondre aux éventuelles avaries.


[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Une station sismologique temporaire est composée d'une alimentation, d'un GPS, d'un sismomètre et d'un enregistreur. Les données sont relevées à chaque visite sur une clé USB. Les stations permanentes disposent, quant à elles, d'un système de communication, type ADSL, permettant le travail à distance.


[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Frank Grimaud, technicien en sismologie, vérifie que la station sismologique temporaire fonctionne avec la nouvelle clé USB qu'il a paramétrée pour enregistrer les secousses proches d'Arette. L'alimentation (panneau solaire, batterie) doit faire face aux intempéries, notamment au vent et à la neige.
[Campan, Hautes-Pyrénées] Jean Letort, sismologue, poursuit son ascension vers la station temporaire installée à proximité du lac de Caderolles, à 1895 mètres d'altitude, pour enregistrer les tremblements récents entre Campan et le pic du Midi. Après les abondantes chutes de neige de début décembre, le redoux a considérablement fait fondre le manteau neigeux, mais les skis de randonnée demeurent nécessaires pour accéder à la station.





[Campan, Hautes-Pyrénées] Jean Letort, sismologue, prélève les données de la station de mesure temporaire du lac de Caderolles. Après une géolocalisation fastidieuse, il lui aura fallu creuser dans la neige pour brancher une clef USB sur l'instrument et s'assurer de son bon fonctionnement. Ici pas de panneau solaire, mais une batterie de fabrication allemande censée tenir plusieurs mois sans être rechargée.


[Tarbes, Hautes-Pyrénées] Après avoir orchestré la surveillance sismique de Campan, Jean Letort, sismologue, rédige un article éclairant, à paraître dans les revues spécialisées. Sur l'apparition de cet essaim de faible intensité, il émet l'hypothèse qu'un fluide, liquide ou gazeux, serait remonté des profondeurs, à environ 8 kilomètres, jusqu'à la surface. Et c'est à ce moment précis que les tremblements auraient cessé.
[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Jean Letort, sismologue, et Melvin, étudiant, installent un capteur sismique pour une durée d'un mois. Chaque capteur est enterré à 5 centimètres de la surface du sol, et même s'il est localisé par un point GPS, il vaut mieux déblayer certains sites pour pouvoir les retrouver et les récupérer.





[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Les sismologues se regroupent pour confirmer, sur une carte topographique, les points GPS où les 200 capteurs devront être implantés. L'étude sismologique couvre 10 km² sur les communes d'Arette, de Lourdios-Ichère et de Sarrance.


[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Plusieurs heures de marche sont nécessaires pour accéder à certains sites d'implantation des capteurs sismiques. Leur répartition requiert parfois de sortir des sentiers battus, quitte à baliser le meilleur itinéraire pour mieux pouvoir venir y rechercher les capteurs.


[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Après avoir récupéré les données GPS via la tablette numérique, Melvin les transfère par bluetooth (le tube noir) au capteur.


[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Melvin, étudiant en sismologie, s'affaire à l'enfouissement du capteur sismique sous 5 centimètres de terre.
[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Jean Letort, sismologue, et Melvin, étudiant, cherchent l'itinéraire le plus court et le moins exposé pour rallier le point de dépose d'un capteur sismique.





[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Les capteurs Stryde sont installés trois par trois. Le premier est positionné sur un axe nord-sud, le deuxième sur un axe est-ouest, et le troisième à la verticale. Ils enregistrent ainsi les secousses dans toutes les directions. La boussole et le niveau sont requis pour optimiser leur mise en place.


[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Jean Letort, sismologue, prend des notes sur l'environnement du capteur, en plus du point GPS, pour se donner toutes les chances de le retrouver à la fin de l'opération, dans un mois. Celui-ci fait partie d'un réseau de 200 capteurs disposés sur une aire de 10 km².
[Arette, Pyrénées-Atlantiques] Jean-Claude habitait près du village lorsque s'est déroulé le séisme du 13 août 1967. Il avait 18 ans. Ici, il feuillette un exemplaire de Paris Match (daté du 26 août 1967) qui relate les dégâts occasionnés. Derrière lui se trouve une « maison-à-quatre-millions (d'anciens francs, ndlr.) », un type d'habitation octroyé aux villageois à faible revenu et dont la résidence était en grande partie détruite et ne pouvait être réhabilitée. Elle répondait également aux normes sismiques, contrairement aux maisons « béarnaises » construites des siècles auparavant.





[Arette, Pyrénées-Atlantiques] La station permanente d'Arette est installée directement dans la roche. Le capteur est posé dans une niche, ici porte fermée. Les données sismiques sont recueillies et contrôlées dans une cabane à proximité.


[Tarbes, Hautes-Pyrénées] Sur une carte des séismes détectés par l'Observatoire Midi-Pyrénées (OMP) depuis 1997, Jean Letort, sismologue, agrandit la région d'Arette. Signalée ici en rouge, cette zone est celle où l'on détecte le plus de séismes dans les Pyrénées.
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LE PHOTOGRAPHE  PASCAL THOLE
Pascal se plonge dans le photojournalisme et la photographie documentaire pour répondre à la curiosité qui nous anime, et mieux comprendre les enjeux du quotidien. Il photographie des anonymes dont la vie ordinaire constitue leur richesse. C'est ainsi, au cours de discussions, de rencontres ou bien de lectures, que les sujets se dévoilent devant lui. Originaire des Pyrénées, ses reportages s'inspirent du territoire qu'il affectionne ; ils abordent essentiellement des thèmes sociaux et environnementaux.