Les Croix bleues de Bordeaux ne prennent pas parti. Ils soignent les passants, les manifestants et les forces de l'ordre avec lesquelles, précieusement, ils entretiennent de bonnes relations.
C'est ainsi qu'ils ont le sentiment d'être bien plus efficaces sur le terrain que les autres groupes de street medics.
Cette neutralité revendiquée, à l'instar des grands organismes de secours comme la Croix rouge, pourrait être vue comme banale. Pourtant, c'est une première en France.
Apparus dans les années 1960 avec les mouvements afro-américains pour les droits civiques, ces médecins des rues ont toujours revendiqué des idées politiques fortes, se considérant avant tout comme militants et manifestants.
Benoît est l'un des deux leaders de cette communauté fermée aux médias. Ancien militaire, il a trouvé en ce groupe une nouvelle famille.
A chaque acte, au milieu des cris, des nuages de lacrymogènes et entre deux tirs de LBD40, les liens tissés entre eux se renforcent.
Benoît rappelle souvent qu'être street medic demande des sacrifices : « C'est un second boulot à plein temps, » confit-il.
Sous les yeux de sa femme, il consacre une bonne partie de ses soirées à la préparation du matériel et à l'organisation du groupe.
Lors de la manifestation du 13 avril, le principe de neutralité a été remis en cause par les forces de l'ordre qui ont saisi les protections individuelles des Croix bleues.
Si cet accord de neutralité que les street medics de Bordeaux voient comme un principe pacifique venait à se rompre, ces derniers reviendraient-ils à une lutte politique ?
Une lutte dans laquelle ils arrachent, comme autrefois, les blessés aux mains des forces de l'ordre ?
© ALEXIS LOPEZ / AGENCE ZEPPELIN
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