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La population de cette espèce restant fragile, il est réconfortant de voir autant de nourriture pour autant d'ours avant l'été. En effet, cet animal marin privilégie ses aventures sur la banquise plutôt que sur la terre. Au vu des conséquences actuelles du changement climatique, il sait aussi s'adapter en dérivant sur les floes de glace sur plusieurs centaines de kilomètres. Connus pour leur caractère solitaire, ces plantigrades se retrouvent ici dans une situation bien différente. Ils partagent non seulement la nourriture mais aussi un territoire sur plusieurs kilomètres. La nourriture étant abondante, on y voit des mâles de tout âge côtoyer le même repas que des oursons d'un à deux ans. Certaines mères croisent les oursons des autres, amenant méfiance et curiosité. Les statuts sociaux et la loi du plus fort se font parfois ressentir avec de courtes querelles. D'autres ours sont de passage, parfois trop repus pour continuer leur chemin. Le recensement actuel des ours polaires de l'Est du Groenland repose sur très peu de données. En raison d'une accessibilité compliquée, cette région ne peut être atteinte que de manière aléatoire, en fonction de la dérive des plaques venant du Grand Nord le long de la côte orientale. Demeurant sur la zone pendant 25 heures et 30 minutes, avec une visibilité parfois capricieuse, les photographies se sont donc succédé sans interruption. Elles constituent autant de documents qui permettront d'étudier le comportement des ours, chacun étant totalement unique. Une conclusion plutôt rassurante est que cette population, dont on a peu de données, passera l'été 2024 avec suffisamment de force pour l'aventure qui l'attend. Estebane Rezkallah
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