La Saint-Nicolas est fêtée aux quatre coins de l'Europe. En Lorraine, c'est une tradition vivace où toutes les générations s'investissent. A Saint-Nicolas-de-Port, la dévotion populaire est impressionnante.
A Nancy, on veut même l'inscrire au « Patrimoine culturel immatériel » de l'UNESCO, une gageure face au père Noël qui, dans le reste du monde, s'est imposé comme le protagoniste des fêtes de fin d'année.
Apparu au XIXe siècle, ce dernier s'inspire du saint Nicolas chrétien importé par les migrants hollandais à New York. C'est ainsi que « Sinterklaas » en néerlandais est devenu « Santa Claus » en anglais.
Mais notre homme est bien plus âgé. Evêque au IVe siècle, Nicolas de Myre aurait accompli de nombreux miracles et son culte est avéré depuis le VIe siècle.
Son tombeau originel est installé au sud de l'actuelle Turquie, mais en 1087, il est pillé par une poignée d'hommes qui emmènent les reliques jusqu'à Bari, en Italie.
Là-bas, un autre voleur s'empare d'un petit bout d'os qu'il dépose en Lorraine.
C'est une opportunité pour la ville de Port qui voit affluer de nombreux pèlerins, mais il faut attendre 1477 et la Bataille de Nancy pour que saint Nicolas devienne « le patron des Lorrains ».
Chaque année, les fêtes de Saint-Nicolas font face à la grisaille.
Les villes et les villages lorrains installent de fastueuses décorations, les confiseries tournent à plein régime, et les catalogues de jouets garnissent les boîtes aux lettres.
Rassemblées le 6 décembre, les familles trouvent là une bonne raison de faire la fête. Des centaines de milliers d'enfants trépignent en écoutant la miraculeuse histoire de saint Nicolas.
Tous espèrent le croiser, mais ils craignent également d'être punis par le père Fouettard s'ils n'ont pas été sages. Une école de morale qui, aujourd'hui encore, fonctionne à merveille.
D'ailleurs le saint homme est appelé à visiter les établissements scolaires, et l'enseignement public n'y échappe pas. Un folklore dont les racines chrétiennes nourrissent une floraison païenne.
D'aucuns se demandent si la mitre du fabuleux évêque doit arborer une croix chrétienne ou une croix de Lorraine.
Un débat qui tangue régulièrement, mais qui trouve son centre de gravité dans les valeurs de compassion et de solidarité. Ce jour-là, les homélies et les bulletins municipaux se font écho.
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