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LOPBURI COMMENT DÉTRÔNER LES SINGES ?
LOPBURI, THAÏLANDE  •  PHOTOS © JULIEN CLOZEAU / AGENCE ZEPPELIN
« Les singes ont pris le pouvoir », déplore un commerçant harassé. Comme de nombreux citadins, il vit désormais à l'abri derrière des barreaux, tandis que les macaques quadrillent l'asphalte pour trouver de la nourriture. Rixes, vols, saccages… c'est le quotidien de Lopburi, une cité historique à 140 km de Bangkok dont les touristes préfèrent se détourner. Une catastrophe économique à laquelle répondent plusieurs campagnes de capture et de stérilisation. Qu'à cela ne tienne, l'animal est profondément respecté dans la culture thaïlandaise.  LIRE LA SUITE
[Lopburi, Thaïlande, 10 mars 2025] Des singes jouent sur la statue de Bouddha au sein des ruines de l'ancien temple khmer Prang Sam Yod. Ce genre d'image était, il y a encore quelques années, le cliché que les touristes étaient nombreux à vouloir ramener en souvenir de leur visite de la ville.





[Lopburi, Thaïlande, 15 mars 2025] Un panneau recommande de ne pas nourrir les singes et de faire attention à ses effets personnels qui peuvent attirer leur convoitise, même à l'intérieur des véhicules. Les singes peuvent se montrer agressifs, n'hésitant pas à monter sur les humains.


[Lopburi, Thaïlande, 18 mars 2025] Des touristes prennent des photos des ruines du temple Prang Sam Yod mais un des visiteurs doit faire fuir les macaques trop curieux avec une baguette de bambou. À l'entrée du site, des baguettes semblables à celle-ci sont proposées à tout le monde.


[Lopburi, Thaïlande, 21 mars 2025] Des macaques crabiers évoluent au sein des ruines du temple Prang Sam Yod. La présence de ces singes dans la ville est ancienne ; elle a d'ailleurs représenté un atout pour son attractivité touristique. Mais depuis la pandémie de Covid-19, leur population a presque doublé, passant de 3500 individus à 6500 entre 2020 et 2024.


[Lopburi, Thaïlande, 25 mars 2025] Les deux hôtels situés face au temple ont cessé leur activité. Celui-ci signale sa mise en vente par une pancarte rouge, mais aucun acheteur n'est pour l'heure intéressé. Personne ne souhaite plus investir dans cette zone du fait de la présence grandissante des macaques. Le tourisme et l'économie de la ville s'en trouvent sévèrement touchés.
LA VILLE EN ÉTAT DE SIÈGE
[Lopburi, Thaïlande, 8 mars 2025] Situé en face du temple Prang Sam Yod, au cœur de la ville, l'ancien cinéma est devenu le fief des macaques. L'accès y est interdit à tout humain car il est trop dangereux. Ce bâtiment fait même office de cimetière : les singes déposent les corps de leurs congénères décédés dans une pièce à part.





[Lopburi, Thaïlande, 17 mars 2025] Un commerçant excédé par les macaques qui entraient dans son magasin les a chassés et poursuivis dans la rue en leur tirant dessus avec une carabine à munitions en plastique. Bien que le singe soit un animal sacré pour les bouddhistes puisqu'il représente la sagesse, leurs relations sont devenues compliquées.


[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] Deux macaques sont montés à l'arrière d'un pick-up arrêté au feu rouge d'un croisement routier. Ces singes semblent n'avoir peur de rien. Les citadins, eux, ont appris à les redouter. Les contacts sont inévitables : ils finissent fréquemment par des morsures, des vols… tout peut arriver avec ces animaux imprévisibles.
DES GRILLES POUR VIVRE TRANQUILLE
[Lopburi, Thaïlande, 22 mars 2025] Le toit-terrasse de l'hôtel Nett est entièrement grillagé afin d'éviter l'incursion des macaques dans l'établissement. À l'horizon, on distingue les vestiges du temple Prang Sam Yod où s'épanouissent les singes. Leur démographie grandissante a conduit bon nombre d'habitants à vivre en cage chez eux, s'assurant un minimum de tranquillité.





[Lopburi, Thaïlande, 21 mars 2025] Patiphan Tontiwong, le père de Knot, tient un magasin en face du temple Prang Sam Yod. « Les singes ont pris le contrôle de la ville. Moi je les respecte, mais je ne veux pas vivre en cage. Ce n'est pas une vie pour les habitants ! » déplore le commerçant.


[Lopburi, Thaïlande, 8 mars 2025] Love est le mâle dominant de la rue Prang Sam Yod. Imposant, il fait la loi sur son territoire, à l'instar des autres mâles alpha qui constituent de grands fauteurs de troubles en ville. Celui-ci est une des cibles de la prochaine campagne de capture de macaques.
LA TRADITION DU NOURRISSAGE
[Lopburi, Thaïlande, 13 mars 2025] Un citadin dépose des bananes le long du mur qui encadre l'aire de nourrissage des singes, située derrière le temple Prang Sam Yod. Animal sacré pour les bouddhistes, avec les fameux trois singes de la sagesse (l'aveugle, le sourd et le muet), il est aussi respecté car il est le descendant d'Hanuman, le dieu singe de l'épopée thaïlandaise, le Ramakien.





[Lopburi, Thaïlande, 8 mars 2025] Une femme est descendue de sa bicyclette pour venir se servir dans le tas de mangues déposées sur l'aire de nourrissage des singes, située derrière le temple Prang Sam Yod. Depuis la pandémie de Covid-19 et l'invasion des singes qui a suivi, la ville et ses habitants connaissent une situation économique compliquée.


[Lopburi, Thaïlande, 6 mars 2025] Quatre bassins ont été aménagés sur l'aire de nourrissage pour que les macaques puissent se rafraîchir alors que la saison chaude arrive. Les macaques crabiers (Macaca fascicularis) affectionnent d'ordinaire les forêts humides et la proximité de l'eau. Ici en ville, ils apprécient donc de pouvoir jouer dans l'eau.


[Lopburi, Thaïlande, 13 mars 2025] Des macaques boivent des bouteilles de produits laitiers qu'un habitant leur a déposées. Certains citadins déplorent cette habitude qu'ont les touristes et les Thaïlandais de donner de la junk food aux singes, prétextant que ces aliments sucrés prodiguent plus d'énergie aux primates, les conduisant à se reproduire davantage.


[Lopburi, Thaïlande, 8 mars 2025] Des sachets de boisson sucrée, dont les singes raffolent, des mangues, des concombres et des feuilles de choux ont été déposés par des agents du Département des Parcs Nationaux, de la Faune et de la Flore (DNP) pour commencer à regrouper les macaques du quartier en vue d'une prochaine campagne de capture.
LES DERNIERS COMMERÇANTS
[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] Par une petite fenêtre qui s'ouvre sur la grille protégeant le magasin, Nong donne à son client les pièces demandées en échange de son paiement. Agrippé à la grille, un macaque observe la transaction.





[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] Depuis l'intérieur de leur magasin, Knot et Nong nourrissent les singes en liberté de la Prang Sam Yod Road. « Il est difficile de cohabiter avec les macaques qui sont très impulsifs, mais nous ne pourrions pas nous passer de leur présence », reconnaît le couple.


[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] Nong donne à manger aux macaques à l'extérieur de son magasin de pièces détachées pour deux-roues, le dernier commerce du quartier. Les animaux semblent lui rendre l'affection qu'elle leur porte. Ils sont plus délicats avec elle qu'ils ne le sont entre eux.
UNE ÉNIÈME CAMPAGNE DE CAPTURE
[Lopburi, Thaïlande, 21 mars 2025] Une grande cage a été installée par les agents du Département des Parcs Nationaux, de la Faune et de la Flore (DNP) il y a quatre jours. Le maire de Lopburi, Jumlern Salacheep, vient ce jour-là sur place pour inaugurer la campagne de capture qui durera 6 jours, jusqu'au 26 mars 2025. La première campagne de ce genre a eu lieu en 2020 et permis la stérilisation de 500 macaques.





[Lopburi, Thaïlande, 25 mars 2025] Les agents du DNP quittent l'ancien temple Prang Sam Yod avec des singes capturés le matin-même. L'an passé, une autre campagne de capture avait déjà permis de réduire la population de macaques en ville de 6500 à environ 4000.


[Lopburi, Thaïlande, 21 mars 2025] Love, le mâle alpha qui fait régner la loi sur la Prang Sam Yod Road, vient d'être attrapé. La capture d'un mâle dominant est toujours importante même si celui-ci ne tardera pas à être remplacé sur le terrain par un de ses congénères.
UN REFUGE POUR CONTENIR LES SINGES
[Lopburi, Thaïlande, 20 mars 2025] Un employé du refuge animalier municipal vient de donner le repas du soir (maïs et carottes) aux macaques retenus en captivité. Situé à deux kilomètres du centre-ville, le site a été conçu pour soulager les habitants de la multiplication des singes devenue compliquée à gérer.





[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025s] Maintenu par les pattes avant au sein d'une petite cage, un macaque reçoit une injection d'anesthésiant afin d'être opéré dans les locaux du refuge animalier municipal.


[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] Dans la cage opposée à celle qui est vidée de ses singes pour leur stérilisation, les macaques sentent qu'il se passe quelque chose. Ils se pressent pour voir ce qui se trame.


[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] Chaque singe est tatoué à plusieurs endroits sur son corps, car le numéro ne sera pas toujours visible. Un gros point noir sur le torse de l'animal et une autre tache d'encre au-dessus ou en dessous de la bouche permettront d'indiquer que l'individu a déjà été tatoué. Le numéro de la cage, le sexe et l'année de capture sont ainsi marqués sur la peau des macaques.


[Lopburi, Thaïlande, 18 mars 2025] Chaque singe est photographié avec l'équivalent d'une carte d'identité à ses côtés. Cette femelle vient juste d'être tatouée, le point noir sur sa poitrine et celui au-dessus de sa bouche permettent de voir de loin qu'elle est identifiée. Comme les autres, elle a bénéficié d'injections de vitamines, d'antibactériens et d'antiparasites. Un test tuberculinique est également effectué.
LE RECOURS À LA STÉRILISATION
[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] Phimchanok Srongmongkol, vétérinaire, échange avec Kerkwit Poompayak, chef de l'aire protégée de Khao Somphot, occupé à couper les canines d'un mâle dominant.





[Lopburi, Thaïlande, 18 mars 2025] Les mâles dominants et les macaques identifiés comme agressifs auront tous leurs canines coupées afin d'éviter qu'ils ne blessent leurs congénères lors des rixes qui arrivent quotidiennement. Biologiquement, les mâles ont les canines plus développées que les femelles.


[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] La patte d'un macaque crabier comporte cinq doigts longs, fins et particulièrement souples, avec un pouce opposable. Chaque doigt est muni d'un ongle plat (et non d'une griffe), lui permettant une manipulation précise. Des coussinets améliorent son adhérence sur des surfaces variées.


[Lopburi, Thaïlande, 19 mars 2025] Chananya Kanchamoaka, vétérinaire venue en renfort de Ban Chom Kam, ligature les trompes d'une femelle macaque afin de la stériliser.


[Lopburi, Thaïlande, 18 mars 2025] Si l'âge et l'état de santé le permettent, de jeunes singes peuvent aussi être opérés. Ici, c'est un jeune mâle qui subit une vasectomie.
[Lopburi, Thaïlande, 20 mars 2025] Une femelle macaque subit une opération de stérilisation. Déjà en 2020, 500 singes, mâles et femelles, avaient été stérilisés, mais cela n'a pas empêché que la colonie passe de 3500 à 6500 individus en 4 ans.





[Lopburi, Thaïlande, 18 mars 2025] Une femelle macaque se réveille de son anesthésie au sein d'une cage, elle touche le pansement qui recouvre la cicatrice de l'intervention chirurgicale qui a permis de la stériliser.


[Lopburi, Thaïlande, 23 mars 2025] Prise d'affection pour les macaques, Nong donne à manger aux animaux retenus en captivité au sein du refuge animalier municipal. On sent que les animaux la reconnaissent et la respectent.
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LE PHOTOGRAPHE  JULIEN CLOZEAU
Infirmier pendant plus de 20 ans avec de longs séjours en Guyane et Nouvelle-Calédonie, Julien a décidé de suivre ses rêves en devenant photographe professionnel en 2024. Son travail s'intéresse à l'Homme, sa dimension sociale et son rapport à l'environnement. Épanoui quand il a tout à réapprendre de ce qui l'entoure, il est actuellement basé en Asie du Sud-Est.