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COVID-19 : 24 HEURES EN RÉA
ANNECY, HAUTE-SAVOIE, FRANCE  •  PHOTOS © TRISTAN REYNAUD / AGENCE ZEPPELIN
24 mars 2020. Au Centre hospitalier Annecy Genevois, le Service de réanimation du Dr Albrice Levrat reçoit les patients atteints par le Covid-19. Il dispose en temps normal de 18 lits. Il est géré 7j/7, 24h/24 par plus de 100 personnels soignants (38 aides-soignants, 60 infirmiers et 12 médecins). Le personnel est divisé en deux équipes, une équipe de jour (8h-20h) et une de nuit (20h-8h). Début mars, le service a créé 44 lits supplémentaires en quelques jours pour faire face à la menace du coronavirus. L'hôpital d'Annecy dispose désormais de 62 lits de réanimation prêts à recevoir les futurs patients covid+ intubés-ventilés. La montée en charge tant redoutée par les soignants est là. Ils sont prêts à y faire face.
[Annecy, 24 mars 2020] Avant de pénétrer dans la chambre d'un patient Covid+, un interne s'équipe dans le sas selon des règles strictes. L'équipement est composé d'une surblouse qui couvre tout le corps, un tablier, un masque FFP2, une charlotte qui couvre les cheveux, une visière complète contre les projections et deux paires de gants superposées. La première paire de gants est enfilée sur la surblouse afin de la rendre hermétique. Il s'agit de la « seconde peau » du soignant. La deuxième paire de gants sert à manipuler le patient. Tout l'équipement est retiré à l'intérieur de la chambre, excepté le masque, la charlotte et la visière. Une fois le soignant sorti de la chambre, il se frictionne les mains avec du gel hydro-alcoolique. Il enfile ensuite de nouveaux gants pour retirer la visière qu'il nettoie, la charlotte et le masque qu'il jette avec les gants. Cette dernière opération se fait sans aucun contact avec les cheveux ou la peau. Le soignant se frictionne de nouveau les mains et peut remettre un simple masque chirurgical.
[Annecy, 23 mars 2020] L'équipe médicale fait un point chaque matin. Ici, le cas d'un patient est discuté, scanner à l'appui.





[Annecy, 24 mars 2020] Un patient suspect arrive directement de chez lui par le SMUR 74. Il est admis directement au scanner. Au vu des résultats, le réanimateur confirmera la probable infection.


[Annecy, 24 mars 2020] Avant de quitter son poste, l'équipe de jour rend compte de la situation des patients à l'équipe de nuit.
[Annecy, 24 mars 2020] Le patient sous forte dose d'oxygène est admis au service de réanimation peu après 6 heures du matin. Il est placé dans une des chambres équipées d'un respirateur artificiel.





[Annecy, 24 mars 2020] Une infirmière attend dans le sas de transfert pressurisé sa collègue aide-soignante. Ensemble, elles vont donner des soins à un patient Covid+.


[Annecy, 24 mars 2020] Les équipes soignantes travaillent généralement en binôme. Elles s'occupent de 2 à 3 patients pendant leurs services.


[Annecy, 24 mars 2020] Pierre-Alain, le réanimateur de garde, place un cathéter dans l'artère du patient.


[Annecy, 24 mars 2020] Les prélèvements sont transmis d'un univers contaminé à un espace sain avec une extrême précaution. Ils sont envoyés de suite au laboratoire.
[Annecy, 24 mars 2020] « Pause déjeuner » à 1 heure 30 du matin pour l'équipe de nuit.





[Annecy, 24 mars 2020] L'état du patient 42, arrivé dans la journée, s'est très vite dégradé. Pierre-Alain, le réanimateur de garde, en concertation avec les deux autres médecins présents. Ils prennent la décision d'intuber le patient.


[Annecy, 24 mars 2020] Arnaud, réanimateur de garde cette nuit avec Pierre-Alain, intube le patient 42. Thibault, l'infirmier de réanimation, et Maud, l'aide-soignante, sont à la manœuvre pour cette procédure délicate.


[Annecy, 24 mars 2020] Arnaud, le réanimateur de garde, met en place un cathéter veineux jugulaire interne pour administrer les médicaments nécessaires au patient 42. Il est assisté par Thibault, l'infirmier réanimateur.


[Annecy, 24 mars 2020] Arnaud le réanimateur, Thibault l'infirmier de réanimation et Maud l'aide-soignante installent le patient 42. Durant tout ce temps, malgré la sédation, Maud ne cessera de rassurer le patient 42.
[Annecy, 24 mars 2020] Arnaud, le réanimateur de garde, aidé par Maud, l'aide-soignante, met en place la sonde gastrique qui permettra de d'alimenter le patient.





[Annecy, 24 mars 2020] Arnaud, le réanimateur de garde, appelle de suite la famille du patient 42. Il informe ses proches de la gravité de son état et son placement en ventilation artificielle.


[Annecy, 24 mars 2020] Le patient intubé a été placé sur le ventre pour optimiser l'oxygénation pulmonaire. Cette manœuvre intervient lorsque l'état du patient se dégrade. Une infirmière et deux aides-soignantes vérifient le bon positionnement de la tête du patient.
[Annecy, 24 mars 2020] Arnaud, le réanimateur de garde, fait la relève avec l'équipe de jour.
1ER AVRIL 2020  LA MONTÉE EN CHARGE
La montée en charge est là. En une semaine, le service de réanimation est passé de 3 patients covid à presque 30 aujourd'hui. La salle de réveil aménagée en « Réa 4 » pour recevoir 22 lits supplémentaires est ouverte. Les patients y sont désormais transférés. La « Réa 4 » dispose de 3 sas pour le moment isolés les uns des autres. Le sas 1 (4 lits) et le sas 2 (8 lits) sont pleins. Les équipes d'anesthésie gèrent ces nouveaux lits en collaboration avec les réanimateurs. En « Réa 4 » les soins des patients sont assurés par les équipes de bloc. Ils ont été spécifiquement formés à la réanimation. Il s'agit d'infirmiers de bloc et d'infirmiers anesthésistes.
[Annecy, 28 mars 2020] Un patient covid, jugé stable par l'équipe médicale, est acheminé en « Réa 4 ». Le transfert est fait par un réanimateur et une aide-soignante en tenue de protection et d'une infirmière de bloc en tenue dite « propre ».





[Annecy, 30 mars 2020] Les affaires personnelles des patients arrivés dans les unités covid ouvertes, sont entreposées dans une salle de repos reconvertie en salle de quarantaine. Ces affaires sont potentiellement « contaminées ».


[Annecy, 28 mars 2020] Le patient est transféré sous respirateur de transport. Pierre-Alain, le réanimateur, effectue le branchement sur le respirateur de réanimation. La manœuvre doit se faire le plus vite possible.
[Annecy, 28 mars 2020] La « Réa 4 » est divisée en 3 sas. Dans ce sas, 8 patients peuvent être pris en charge. Ici, l'équipe effectue un décubitus ventral (DV). Le patient intubé est placé sur le ventre pour optimiser l'oxygénation pulmonaire durant 16 heures, puis remis sur le dos durant 8 heures. Le cycle est ainsi répété durant 4 à 6 jours en moyenne.





[Annecy, 30 mars 2020] La radiographie pulmonaire est effectuée au sein même de l'unité covid ouverte. Elle est immédiatement interprétée par Étienne, le réanimateur.


[Annecy, 30 mars 2020] Samuel, un réanimateur, discute avec Bénédicte, une médecin anesthésiste. Un partage et une remise à jour des connaissances en réanimation sont effectués au quotidien. L'objectif est qu'à très court terme les équipes de bloc soient autonomes sur la « Réa 4 ».
[Annecy, 30 mars 2020] L'afflux de nouveaux patients est constant ces derniers jours. Lorsqu'un patient grave covid+ est admis à l'hôpital, son état est stabilisé au service historique de réanimation (Réa 1 et 2) durant les premières 24 heures. Ensuite, selon la stabilité du patient, il peut être transféré en unité covid ouverte. Les soignants en blancs sont du service de réanimation, les soignants en vert sont les infirmiers anesthésistes et aides-soignants du bloc. La présence des équipes de réanimation rassure leurs collègues du bloc. Pour beaucoup, la réanimation est une nouveauté. Par contre tous ces soignants sont familiers avec le respirateur artificiel et les patients intubés.
[Annecy, 28 mars 2020] En une semaine, le service de réanimation a ouvert plus de 40 lits hors de son service historique. Aujourd'hui, 30 patients covid+ sont en réanimation sous respirateur artificiel à l'hôpital d'Annecy.
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LE PHOTOGRAPHE  TRISTAN REYNAUD
Tristan couvre l'actualité française pour l'agence Sipa Press. Politique, société et culture sont les grands thèmes qui l'emmènent sur différents terrains d'investigation : élections présidentielles françaises, frontière hongroise, problématiques migratoires. Il s'oriente aujourd'hui vers des histoires plus longues. Il publie dans les plus grands magazines (Paris Match, Le Monde, Le Point, L'Obs, …).
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Mars 2020. Depuis le patient zéro, localisé le 7 février 2020 aux Contamines-Montjoie, le nombre d'appels au SAMU de Haute-Savoie ne cesse d'augmenter. Parmi tous ces appels, un cinquième sont classés « patients avec symptômes du Covid-19 ». Pour eux les moyens sont là, mais le personnel est à bout de force. Dans l'ombre du confinement, ils continuent de décrocher le téléphone pour rassurer et rediriger la population affolée.
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Avril 2020. Les hélicos de la Sécurité civile d'Annecy-Chamonix effectuent d'ordinaire des secours en montagne, mais avec le confinement, leur activité a chuté. Capable d'intervenir face à l'épidémie de Covid-19, la base s'est donc dotée d'une logistique adéquate, avec une zone propre et une zone sale. Des tenues de protection identiques à celle des soignants équipent désormais les pilotes et mécaniciens opérateurs de bord pour les transferts de patients covid+.