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PLASTIQUE ES-TU LÀ ?
TARBES, FRANCE  •  PHOTOS © LUCAS SANTUCCI / AGENCE ZEPPELIN
Aussi belle soit-elle, une rivière n'est peut-être pas tout à fait clean. C'est le précepte de La Pagaie Sauvage, une association qui part à la recherche des microplastiques dans les cours d'eau français. En 2019, elle s'attaque à l'Adour, fleuve majeur des Pyrénées. Pendant dix jours, Jean et Alexandre embarquent en kayak ou en canoë pour atteindre 23 lieux de prélèvement. Résultat : des microplastiques sont retrouvés dans tous leurs échantillons et ce, dès les premiers mètres du cours d'eau, à proximité de la source.
Une pollution invisible

Une rivière visuellement aussi propre que l'Adour n'est peut-être pas tout à fait clean. Pour en avoir le cœur net, une étude a été menée pour évaluer son état de contamination microplastique, une démarche fondamentale pour prévenir une pollution éventuelle. Financée par l'Institution Adour et la CCI Port de Bayonne, cette étude a été menée sur le terrain par Jean et Alexandre. Ils font partie de La Pagaie Sauvage, une association qui s'est donné l'objectif d'analyser les rivières françaises. Cette fois-ci, les deux garçons ont navigué pendant dix jours sur l'Adour, un fleuve qui prend sa source au pied du pic du Midi de Bigorre et se jette à Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques. À travers une descente intégrale en kayak et canoë, ils ont effectué des prélèvements réguliers pour constater l'état du fleuve, révélateur de son bassin versant. Résultat : des microplastiques ont été retrouvés dans tous les échantillons et ce, dès les premiers mètres du cours d'eau. Car ce n'est pas parce que l'on ne voit pas de déchet qu'il n'y a pas de plastique.

Ils existent deux types de microplastiques. Ceux dits « secondaires » proviennent de la dégradation d'objets plus grands. Mais il existe aussi des microplastiques dits « primaires » provenant du secteur cosmétique (exfoliants, dentifrices), de la pétrochimie (granulés plastiques industriels, abrasifs) et du secteur vestimentaire (fibres synthétiques). En France, une grande majorité des stations d'épuration ne sont pas équipées de filtres suffisants pour stopper ces microplastiques « primaires » invisibles à l'œil nu. Par ailleurs pour l'Adour, fleuve qui subit de fortes crues, une grande partie des déchets plastiques de grande taille qui devraient être visibles sont probablement emportés directement à la mer.

Les échantillons sont analysés dans un laboratoire de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour (UPPA), à Anglet. Après en avoir détruit la matière organique, chaque échantillon est mis à décanter. Les microplastiques flottent et se retrouvent donc à la surface. Ils sont ensuite comptés au microscope. Dans un échantillon, chacun concernant plus ou moins 84 m3 d'eau filtrée, on retrouve en moyenne 20 microplastiques. Ces éléments mesurent de quelques nanomètres à quelques millimètres. Une quantité énorme en comparaison du peu de litres analysés et le débit quotidien d'une rivière comme l'Adour.


Un projet responsable

Pour rester cohérents, Jean et Alexandre ont choisi de ne pas produire de déchets plastiques pendant leurs aventures. Pour cela, ils ont adapté toute leur alimentation et tout leur confort. A travers ce défi, ils veulent démontrer que le voyage et l'expédition sans déchet sont possibles, car « le meilleur des déchets est celui que l'on ne produit pas ».

Au-delà de cette expédition, l'association La Pagaie Sauvage développe un programme scientifique citoyen où tout le monde peut envoyer son échantillon en suivant un protocole assez simple avec du matériel récupéré. Ces premiers échantillons permettent de réaliser un état des lieux rapide au niveau national. Malheureusement, les premiers résultats montrent que les microplastiques sont déjà très répandus dans les cours d'eau français.

© LUCAS SANTUCCI / AGENCE ZEPPELIN





LE PHOTOGRAPHE  LUCAS SANTUCCI
D'abord ingénieur agronome, puis photo-journaliste, Lucas a intégré l'équipe d'Under The Pole comme responsable logistique et partenariat. Il a embarqué pour 18 mois d'expédition au Groenland dans la promiscuité d'un voilier où il s'est affirmé comme photographe terrestre et sous-marin. Après avoir documenté 9 mois de navigation qui l'ont amené à 80°Nord, Lucas a vécu l'hivernage pris dans les glaces, à quelques kilomètres d'un village de chasseurs-pêcheurs.