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LES ÉCOLIERS DU PATRIMOINE
AUBERVILLIERS, SEINE-SAINT-DENIS, FRANCE  •  PHOTOS © ANTOINE MERLET / AGENCE ZEPPELIN
Venir au secours d'une œuvre d'art est un métier. Cela s'apprend. Au Département des restaurateurs de l'Institut national du patrimoine (INP), à Aubervilliers, une centaine d'élèves suivent ainsi des cours théoriques et pratiques. Admis sur concours, ils apprennent les techniques artistiques pour redonner aux œuvres fragilisées leur éclat. Leur formation fera d'eux, non pas des artistes, mais des techniciens prétendant aux laboratoires les plus prestigieux.
Un masque respiratoire dissimule celui que l'on prendrait pour un agent de maintenance. De sa combinaison blanche ne dépasse qu'une paire de Doc Martens rouge cerise, celle d'une élève qui vient s'entraîner dans une cabine de micro-sablage, alternative au scalpel pour retirer des comblements cireux dans du bois. La sculpture est ainsi l'une des spécialités de l'Institut national du patrimoine, un établissement public qui soigne l'art. Ou plus exactement, une école qui forme d'une part à la conservation des œuvres d'art, rue Vivienne à Paris, et d'autre part à leur restauration. Deux métiers distincts, avec une vocation commune, celle de transmettre le patrimoine culturel aux générations futures, sans l'altérer.

Installé dans une ancienne manufacture, à Aubervilliers, le Département des restaurateurs dispense des cours théoriques et pratiques à une centaine d'élèves. Admis sur concours, ils se distinguent parmi différentes disciplines : peinture, sculpture, mobilier, arts textiles, arts graphiques et livre, arts du feu (céramique, verre, émail, métal), ou encore photographie et image numérique. Chaque formation dure cinq ans. Elle leur ouvrira les portes des plus grands ateliers de restauration.

En attendant de décrocher leur master, ces petites mains s'exercent progressivement sur des œuvres conservées dans divers musées français. Comme ce jour-là, lorsqu'un lot « d'antiquités » est livré au sein de l'école. Des bois polychromés, des peintures sur toile, des broderies, des parchemins… autant d'artefacts uniques qu'il faut stocker à l'abri des convoitises, à commencer par les insectes. Au gré des cours et des travaux respectifs, chacun de ces objets est passé au peigne fin pour déterminer ce qui a provoqué sa détérioration, avant de la stopper. Encadrés par des professionnels qualifiés, les apprentis restaurateurs réalisent des bilans de santé exhaustifs, doublés de véritables thérapies curatives pour ces œuvres, inestimables au regard des historiens. C'est assurément le seul moyen de confronter leurs savoir-faire à un patrimoine tangible, et à ses fragilités.

Julien Pannetier
LE PHOTOGRAPHE  ANTOINE MERLET
Photoreporter indépendant, Antoine travaille pour la presse régionale et nationale. Après avoir donné des cours de sport pendant cinq ans, il s'est engagé dans le journalisme, orientant ses travaux vers les luttes sociales. Il aime prendre le temps de comprendre un sujet avant de s'y engouffrer. Exposé aux Rencontres d'Arles en 2017, à la Galerie VU' en 2020, et projeté au festival Visa pour l'image en 2021, il sait sortir de sa zone de confort pour travailler avec des rédactions comme M Le Monde, Télérama, Le Figaro, Libération, La Croix, ou encore Vice.
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Les œuvres d'art sont des témoignages fragiles. Certaines valent cher quand d'autres n'ont pas de prix. Tel un patrimoine, elles traversent le temps et les épreuves avec plus ou moins de succès. Convoitées, blessées, négligées, certaines d'entre elles sont confiées à des restaurateurs. Charge à eux d'interrompre leur processus de destruction et, éventuellement, de rétablir leur aspect originel. Deux missions qui requièrent de la méthode et du sang froid