Un masque respiratoire dissimule celui que l'on prendrait pour un agent de maintenance.
De sa combinaison blanche ne dépasse qu'une paire de Doc Martens rouge cerise, celle d'une élève qui vient s'entraîner dans une cabine de micro-sablage, alternative au scalpel pour retirer des comblements cireux dans du bois.
La sculpture est ainsi l'une des spécialités de l'Institut national du patrimoine, un établissement public qui soigne l'art.
Ou plus exactement, une école qui forme d'une part à la conservation des œuvres d'art, rue Vivienne à Paris, et d'autre part à leur restauration.
Deux métiers distincts, avec une vocation commune, celle de transmettre le patrimoine culturel aux générations futures, sans l'altérer.
Installé dans une ancienne manufacture, à Aubervilliers, le Département des restaurateurs dispense des cours théoriques et pratiques à une centaine d'élèves.
Admis sur concours, ils se distinguent parmi différentes disciplines : peinture, sculpture, mobilier, arts textiles, arts graphiques et livre, arts du feu (céramique, verre, émail, métal), ou encore photographie et image numérique.
Chaque formation dure cinq ans. Elle leur ouvrira les portes des plus grands ateliers de restauration.
En attendant de décrocher leur master, ces petites mains s'exercent progressivement sur des œuvres conservées dans divers musées français.
Comme ce jour-là, lorsqu'un lot « d'antiquités » est livré au sein de l'école.
Des bois polychromés, des peintures sur toile, des broderies, des parchemins… autant d'artefacts uniques qu'il faut stocker à l'abri des convoitises, à commencer par les insectes.
Au gré des cours et des travaux respectifs, chacun de ces objets est passé au peigne fin pour déterminer ce qui a provoqué sa détérioration, avant de la stopper.
Encadrés par des professionnels qualifiés, les apprentis restaurateurs réalisent des bilans de santé exhaustifs, doublés de véritables thérapies curatives pour ces œuvres, inestimables au regard des historiens.
C'est assurément le seul moyen de confronter leurs savoir-faire à un patrimoine tangible, et à ses fragilités.
Julien Pannetier
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