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FIÈVRE DE L'OR L'ELDORADO DE SIGUIRI
BATAMBAYE, DISTRICT DE SIGUIRI, GUINÉE © GUILLAUME PETERMANN / ZEPPELIN
Ils ont tout retourné. Il n'y a plus de cultures, les derniers arbres meurent, l'horizon est sens dessus dessous. Ceux qui travaillent ici, à Batambaye, ont tourné leur regard vers le bas, vers le sol. Ils cherchent de l'or. Sous le soleil guinéen, les hommes descendent dans de profonds boyaux étouffants, les enfants concassent des bennes de minerai et les femmes lavent des mètres cubes de sable et de terre. Un processus fastidieux, réalisé dans des conditions dantesques, où la vie vaut moins que l'espoir de faire fortune.

Chaque année, la Guinée produit 8 à 10 tonnes d'or par le biais de grandes sociétés minières, mais l'orpaillage artisanal passe sous les radars officiels. D'importants revenus sont pourtant générés par ce secteur informel, et ce d'autant que la valeur de l'or ne cesse de monter depuis plusieurs années. Mais si la croissance économique est visible dans le district de Siguiri, le développement est au point mort. Ainsi, en délaissant l'agriculture vivrière, c'est toute une société rurale qui creuse sa tombe.
[Batambaye, Guinée] Les mineurs de Batambaye s'enfoncent chaque jour plus loin dans la terre. Ils creusent des puits jusqu'à 25 mètres de profondeur, au fond desquels ils fouillent dans une sorte de cuvette circulaire.





[Batambaye, Guinée] À l'extérieur des puits, ce sont généralement les femmes qui sont en charge d'extraire les seaux de minerai hors du trou. Chaque seau pèse entre 20 et 30 kg, et un puits mesure entre 5 et 10 mètres de profondeur.


[Batambaye, Guinée] Dans des trous étroits d'un mètre carré environ, les mineurs creusent des heures durant, sans boire ni manger, à la recherche du précieux métal. À l'intérieur des puits, l'air est épais et lourd, ce qui rend la respiration difficile.
[Batambaye, Guinée] Le site d'extraction se trouve sur une petite colline dont une grande partie du couvert végétal a été rasée, et remplacée par d'énormes quantités de déblais, à l'image d'une fourmilière.





[Batambaye, Guinée] La plupart des creuseurs sont de jeunes hommes qui viennent de toute la Guinée, mais aussi du Mali, du Liberia, de la Sierra Leone, ou encore du Burkina Faso. Ici, on distingue le soulikoudouni, une sorte de pioche faite d'un manche en bois et d'un pic en métal.


[Batambaye, Guinée] Dans le campement des mineurs adossé au village d'origine, des familles entières, d'ici ou d'ailleurs, vivent dans des abris précaires faits de bois et de bâches. Les ethnies se tiennent à l'écart les unes des autres, mais chaque famille a le même espoir  : faire fortune.


[Batambaye, Guinée] Beaucoup d'enfants préfèrent l'argent rapide qu'ils peuvent gagner sur le site de la mine plutôt que d'aller à l'école.


[Batambaye, Guinée] Sous un soleil de plomb, les travailleurs répètent inlassablement les mêmes tâches pendant des heures.
[Batambaye, Guinée] Du matin au soir, à l'aide d'un concasseur, le minerai est réduit en sable et en poussière, de sorte que ses différents composants puissent être séparés.





[Batambaye, Guinée] Une fois concassé, le minerai est tamisé et « lavé » à l'eau sur des plans inclinés agrémentés de tapis. La « moquette » agit comme un filtre et retient les particules les plus denses du minerai.


[Batambaye, Guinée] Ce sont majoritairement les femmes qui sont en charge du fastidieux processus de « lavage », un procédé qui doit être répété pour écarter la boue, le sable et pour concentrer les paillettes d'or.
[Batambaye, Guinée] Après que le minerai aurifère ait été complètement nettoyé, les premières paillettes d'or apparaissent. À Batambaye, les orpailleurs estiment qu'on peut trouver 1 à 10 grammes d'or pour 200 kilos de minerai.





[Batambaye, Guinée] Dès que les premières paillettes d'or apparaissent, du mercure est employé pour les amalgamer. L'or et le mercure se mêlent naturellement.


[Batambaye, Guinée] Après que l'or et le mercure aient été séparés au moyen d'un chalumeau, le mercure ayant un point de fusion inférieur, il ne reste que de l'or brut.
[Batambaye, Guinée] Avec un mélange de borax et de carbonate de sodium comme flux de brassage pour éliminer les impuretés, l'or est fondu dans un creuset avant d'être transformé en lingot.





[Batambaye, Guinée] Le propriétaire de l'or reste très attentif pendant tout le processus de raffinage.


[Batambaye, Guinée] Une fois transformé en lingot, il devient impossible de connaître l'origine de l'or.
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LE PHOTOGRAPHE GUILLAUME PETERMANN
Photographe et graphiste de formation, Guillaume aime s'aventurer dans des zones difficiles d'accès à la rencontre de leurs habitants. Son travail s'articule essentiellement autour du photoreportage et couvre des thématiques aussi variées que le voyage ou le documentaire culturel, social et environnemental. Des montagnes du Pamir aux mines d'or artisanales de Guinée, en passant par la vallée de l'Omo en Éthiopie ou l'île de Socotra au Yémen, Guillaume cherche en permanence la meilleure lumière pour révéler l'âme de ses sujets.
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