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DE L'AÉROPORT À LA PIROGUE HUMANITAIRE
FRANCE + CONGO-BRAZZAVILLE  •  PHOTOS © NICOLAS MATHYS / AGENCE ZEPPELIN
Toutes les communautés n'ont pas accès à la médecine moderne. Pour pallier ces lacunes, des centaines d'ONG rassemblent du matériel et des médicaments. À l'autre bout du monde, d'autres les distribuent aux plus isolés et démunis, telle l'Association de l'Amour Vivant (ASLAV) qui travaille en pirogue jusqu'aux confins du Congo. Dans cette chaîne humanitaire, Aviation Sans Frontières joue le rôle de maillon fort en expédiant gracieusement plus d'une centaine de colis par semaine via les avions d'Air France.  LIRE LA SUITE
[Boha, Likouala, Congo] Des enfants jouent dans la forêt tropicale où, entre les plantations de cacaoyers, il n'est pas rare de tomber sur de gigantesques spécimens de fromagers (Ceiba pentandra). Ces arbres, fréquemment considérés comme sacrés, ont souvent été utilisés pour la conception d'imposantes pirogues.





[Belin-Béliet, Gironde, France] Une bénévole de l'ASLAV dépose un sachet de compresses dans un carton qui sera expédié vers un dispensaire installé au Congo, pays où l'association concentre ses actions.


[Belin-Béliet, Gironde, France] Une bénévole de l'ASLAV recense le contenu d'un colis médical humanitaire destiné à être envoyé au dispensaire Sainte-Élisabeth de Makabandilou, au Congo-Brazzaville.
ORGANISER LES DONS MÉDICAUX
[Belin-Béliet, Gironde, France] Margot Samama, bénévole de l'ASLAV, quitte le siège de l'association pour confier un colis de matériel à la Messagerie médicale d'Aviation Sans Frontières. On distingue à droite une carte recensant les activités de l'ASLAV au Congo, où 28 centres de santé et dispensaires sont opérés et équipés en majorité en eau potable et électricité.





[Roissy, Val-d'Oise, France] Hugo, employé de la Messagerie médicale, prépare un colis pour le Congo. Les paquets, dont certains sont livrés en palette, proviennent d'associations partenaires et de différentes formes de don. Leur intégrité doit donc être vérifiée avant qu'ils ne soient reconditionnés. Une liasse documentaire sera finalement complétée pour correspondre à un « envoi humanitaire ».


[Roissy, Val-d'Oise, France] Des colis humanitaires sont entreposés à la Messagerie médicale d'Aviation Sans Frontières avant leur expédition par avion, principalement par les vols commerciaux d'Air France. On y trouve à la fois du petit matériel (seringues, pansements, compresses), des compléments nutritionnels, des pompes spécialisées, des fauteuils roulants, des potences, etc.
PROFITER DES VOLS LONGS COURRIERS
[Roissy, Val-d'Oise, France] Chaque vendredi, les colis sont rassemblés à l'aéroport de Paris-CDG par les bénévoles de la Messagerie médicale d'Aviation Sans Frontières dans un magasin avancé au plus près des avions. La mise à bord est réalisée la semaine suivante, avec la possibilité de mettre jusqu'à 10 colis (chacun de 8 kg) dans les « soutes équipage » de chaque vol d'Air France au départ de Roissy. Ce sont principalement des long-courriers à destination de l'Afrique.





[Brazzaville, Congo] Lazare Mabona, administrateur et coordinateur régional de l'ASLAV, réceptionne des colis humanitaires arrivés à l'aéroport de Maya-Maya par le dernier vol d'Air France. Un lot est généralement récupéré chaque semaine. Ici, le matériel médical sera utilisé par plusieurs ONG humanitaires, et c'est Lazare qui est chargé de le dispatcher. Une étape délicate pour les membres de la Messagerie médicale d'Aviation Sans Frontières qui doivent engager leur confiance en un individu disposé à réaliser cette tâche bénévolement.


[Brazzaville, Congo] Marguerite Berra, chargée de mission bénévole de l'ASLAV, assure la logistique avec différents centres de soins et dispensaires. Des partenaires avec qui elle entretient le lien en délivrant, par exemple et quand cela est possible, des colis de médicaments et du matériel humanitaire, comme ici au Centre de soins Sœur Martin. « Nos besoins sont constants, c'est pourquoi je dois saluer notre collaboration avec l'ASLAV ainsi que la venue du matériel humanitaire via la Messagerie médicale », lance sœur Lucie, directrice du dispensaire.
DES DISPENSAIRES DÉMUNIS
[Brazzaville, Congo] Une soignante du Centre de soins Sœur Martin procède à des analyses de sang dans un laboratoire sans électricité. « Les coupures d'eau et d'électricité sont fréquentes dans la capitale, et il nous faut constamment travailler dans ces conditions rudimentaires », explique-t-elle.





[Brazzaville, Congo] Sœur Anastasie, directrice de l'Œuvre médicale catholique Saint-Joseph, en périphérie de la capitale, garde un patient sous observation. « Cet homme présente des symptômes de paludisme, notamment de la fièvre », précise-t-elle.


[Brazzaville, Congo] Un soignant de l'Œuvre médicale catholique Saint-Joseph prépare des compresses, livrées par l'ASLAV, afin de manipuler un enfant qui souffre de brûlures. Le jeune patient a été ébouillanté quelques heures plus tôt dans la cuisine où s'activait sa mère.
[Impfondo, Likouala, Congo] Havre de paix au milieu de la ville, la communauté religieuse des Filles de la Charité abrite 4 sœurs. La congrégation a attribué et formé chacune d'entre elles à une fonction (par exemple infirmière, ou institutrice), telle sœur Marie (ci-dessus) qui enseigne au sein des écoles et des maisons d'arrêt.





[Impfondo, Likouala, Congo] Avant chaque départ vers Épéna, la sœur Ginette s'organise avec sa communauté pour récupérer des stocks de carburant. Mais depuis plusieurs mois, cet approvisionnement est régulièrement retardé, compliquant les activités quotidiennes comme les consultations en pirogue. En cause, une pénurie de carburant qui affecte l'ensemble du territoire congolais.


[Gangania, Likouala, Congo] Sœur Ginette constate l'état des capteurs d'eau mis à la disposition des villageois au Centre de soins Saint-Vincent-de-Paul. Outre leur rôle religieux, les Filles de la Charité contribuent, avec des associations comme l'ASLAV, au développement local. Elles fournissent des accès à l'eau potable ou à l'électricité autour des dispensaires et des écoles pilotés par ces partenariats.
UNE LOGISTIQUE TOUT-TERRAIN
[Entre Impfondo et Épéna, Likouala, Congo] Un bus local est désembourbé par ses passagers, et avec l'aide du 4x4 des Filles de la Charité. La majorité des 86 kilomètres de cette piste entre Impfondo et Épéna sont carrossables, mais une portion d'une dizaine de kilomètres est toutefois redoutée. Le talus qui la supporte s'affaisse au fil des années et des pluies diluviennes. Depuis sa construction il y a une trentaine d'années, cette route n'a jamais été entretenue par les pouvoirs publics, et sa traversée met à rude épreuve les amortisseurs et les châssis, même pour un véhicule adapté.





[Épéna, Likouala, Congo] Sœur Ginette, les bras chargés de coussins et de matelas pour les consultations, rejoint son équipe sur la pirogue prête à partir sur la rivière de la Likouala-aux-Herbes. Ils doivent embarquer le matériel médical, les dossiers médicaux, l'équipement pour accueillir des patients, mais également de quoi être partiellement autonome pendant plus d'une semaine.


[Entre Épéna et Itanga, Likouala, Congo] Le pinassier, Richard Mombonga, manœuvre sur la rivière de la Likouala-aux-Herbes. Il connaît parfaitement ces eaux sur lesquelles il navigue depuis de nombreuses années. En ce mois de juin, il s'inquiète toutefois du bas niveau de la rivière ; il redouble d'attention pour ne pas endommager la pirogue et transporter ses passagers sans encombre.
CONSULTER AU FIL DE L'EAU
[Entre Épéna et Itanga, Likouala, Congo] La pirogue de l'ASLAV entame sa tournée vers les villages bordant la rivière de la Likouala-aux-Herbes. La République du Congo fait partie des six pays couverts par la grande forêt équatoriale africaine. Ici, dans le nord du pays, la forêt et la brousse sont fondamentales dans le rythme de vie des habitants. La chasse, la pêche, la cueillette et l'agriculture vivrière définissent leur mode de vie. Mais l'accès à des services de base, tels que l'éducation, la formation et la santé, reste précaire.





[Bondoki, Likouala, Congo] La sœur-infirmière Ginette et l'aide-pinassier Rémys déchargent le matériel nécessaire à l'installation de leur hôpital mobile : tentes, tables, chaises, caisses de médicaments, petits matériels… chaque jour pendant 10 jours, le balai se répète.


[Itanga, Likouala, Congo] Sœur Ginette prend la température d'un jeune homme. Lorsqu'une consultation ne concerne pas de maux spécifiques apparents, l'infirmière ne réalise qu'un simple examen, comme le contrôle du poids, du rythme cardiaque, de la tension, ou de la température.


[Kinami, Likouala, Congo] Les infirmières Marie-Solange et Ginette examinent une mère et sa fille. L'une des principales causes de mortalité parmi ces populations isolées est le paludisme. Au Congo, l'UNICEF estime que cette maladie infectieuse représente 54 % des décès chez les enfants de moins de 5 ans.


[Kinami, Likouala, Congo] Après son diagnostic, la sœur-infirmière Ginette récupère des médicaments dans la malle. Un des principaux traitements administrés concerne le paludisme. La tente de consultation est installée à côté d'une case en terre crue à l'ombre de laquelle on patiente en attendant son tour.
DES POPULATIONS ISOLÉES
[Entre Boha et Edzama, Likouala, Congo] Vêtue de beaux habits, une famille navigue à bord d'une pirogue pour se rendre à la messe dans le village le plus proche. Dans cette région où les routes n'existent pas, ces pirogues traditionnelles en bois constituent le moyen de locomotion le plus pratique. De longueurs et de largeurs variées, elles sont utilisées autant pour pêcher que pour le transport de personnes ou de marchandises.





[Itanga, Likouala, Congo] Joseph, un villageois, grimpe au sommet d'un palmier pour y cueillir des noix de palme. Il utilise de simples feuilles de palmier, très résistantes, après avoir entaillé son tronc pour se hisser. C'est un arbre résilient, que les autochtones exploitent ainsi de façon ancestrale. Plus le palmier est entaillé à la base, et plus il grandit pour offrir de nouvelles noix, une des seules façons de produire de l'huile pour cuisiner.


[Mossengue, Likouala, Congo] De retour des champs, une villageoise traverse la forêt avec vigueur, voûtée sous le poids du bois, du manioc et des feuilles de manioc. « Je me sens en pleine forme, mais j'irai quand même consulter la sœur », assure la femme qui ne saurait mentionner son année de naissance. Ici comme ailleurs, la sensibilisation a porté ses fruits : les consultations mises en place depuis 2017 assurent un suivi médical régulier de nombreux paysans.
[Botongo, Likouala, Congo] Une enseignante du primaire et ses écoliers posent dans leur salle de classe. Dans cette zone reculée, les moyens dont disposent les écoles sont rudimentaires. Les professeurs n'ont souvent pas reçu de salaire depuis plusieurs mois.





[Itanga, Likouala, Congo] Rémys, agent polyvalent de l'ASLAV, contrôle le poids d'un enfant via un pèse-bébé suspendu à un arbre. En procédant au suivi régulier de ces enfants, on peut observer des inflexions sur leurs courbes de croissance, et ainsi réagir à d'éventuels cas de malnutrition, véritable fléau dans cette région.


[Kinami, Likouala, Congo] Cédric, infirmier vaccinateur de l'ASLAV, traite un nourrisson. Les vaccinations sont gratuites. Elles visent notamment la tuberculose, le pneumocoque, le pentavalent, le rotavirus, la diphtérie, le tétanos ou encore la poliomyélite qui font des ravages parmi les populations de cette région isolée.
COMME UN TRAIT D'UNION
[Entre Mossengue et Likonda, Likouala, Congo] La pirogue de l'ASLAV progresse vers sa prochaine destination. Avec le faible niveau d'eau sur la rivière, et le manque de visibilité en fin de journée, la navigation est délicate. L'équipe fait donc son maximum pour éviter de naviguer la nuit, même si ce jour-là les consultations ont duré longtemps.





[Entre Mossengue et Likonda, Likouala, Congo] L'équipe de l'ASLAV atteint le village de nuit. Les consultations au sein du précédent village auront duré toute la journée. « 33 patients traités, c'est un bon bilan ! » confie sœur Ginette qui, malgré l'heure tardive, se réjouit que la sensibilisation médicale ait fonctionné. Mises en place en 2017, ces consultations en pirogue commencent à porter leurs fruits.


[Likonda, Likouala, Congo] Sœur Ginette écope l'eau qui s'accumule dans la pirogue. Lorsque l'ASLAV entreprend une tournée médicale en pleine saison des pluies, elle doit s'adapter aux aléas climatiques. Parfois, l'équipe se fait surprendre par une pluie tropicale qui, si elle persiste, les contraint à rester à l'abri sous la tente ou dans la pirogue. « De toute façon, les patients ne viendraient pas nous voir », relativise l'infirmière.
JUSQU'AUX PEUPLES AUTOCHTONES
[Mobaka, Likouala, Congo] Les infirmières Marie-Solange et sœur Ginette consultent au milieu des cases du village autochtone baka. Peu habituée à avoir accès aux soins du fait de leur isolement dans la forêt, cette communauté ne rechigne cependant pas à venir consulter : femmes, hommes et enfants, tous sont au rendez-vous. Parfois, certaines pathologies ne peuvent pas être traitées par l'équipe médicale dont les compétences sont restreintes. Une ordonnance est donc délivrée pour que le patient se rende au centre de santé le plus proche, à Épéna. Toutefois, personne ne repart sans au moins quelques comprimés de paracétamol.





[Mobaka, Likouala, Congo] La sœur-infirmière Ginette, secondée par l'infirmier Cédric, désinfecte la plaie d'une femme présentant les premiers symptômes d'un staphylocoque doré. Parmi cette communauté de l'ethnie Baka, sédentarisée près des routes forestières depuis les années 1950, les conditions sanitaires sont sommaires. Sans facilité d'accès aux soins médicaux, la moindre plaie peut vite engendrer des complications infectieuses, voire létales.


[Mobaka, Likouala, Congo] Installée dans une case de bois et de feuilles de palmiers, l'infirmière Marie-Solange procède à la consultation prénatale d'une jeune femme de l'ethnie Baka. Elle mesure la taille de son tour de ventre pour estimer l'avancée de la grossesse. Dans cette région, la plupart des femmes n'ont pas accès à ce type de consultation, ni à aucun suivi échographique. Trop loin de l'hôpital d'Impfondo, l'accouchement se fait en général dans le village.
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LE PHOTOGRAPHE NICOLAS MATHYS
Aventurier et passionné d'explorations, Mathys, comme il aime qu'on l'appelle, s'intéresse aux milieux montagneux et polaires, et ce, depuis une expédition autonome en Islande. Ces dernières années, la découverte des étendues sauvages canadiennes, où il a été formé comme « guide de plein air », lui a permis de rencontrer les populations autochtones nord-américaines : les Premières Nations. Désormais installé dans le Sud-ouest de la France, il partage son temps entre les Pyrénées, les pays bordant l'Arctique et le reste du monde.