L'arrivée massive de colons européens venus de l'Est dans la région du Pacifique nord-ouest ne remonte qu'à moins de 150 ans. Ces terres, jamais cédées, étaient pourtant occupées depuis des millénaires par des peuples autochtones aux coutumes, langues et savoir-faire variés, ainsi qu'aux mœurs profondément connectés à leur environnement. Cette période d'exploitation et d'assimilation culturelle forcée est aujourd'hui marquée par divers combats de la part des Premières Nations qui veulent récupérer leurs terres ancestrales et préserver leurs traditions. Ceux-ci sont soutenus dans leurs démarches par une population multi-générationnelle issue de l'héritage colonial, plus informée, plus éduquée, plus à l'écoute des peuples indigènes dans la marche à suivre, celle de leur autodétermination.
L'un de ces mouvements contestataires a démarré durant l'été 2020 sur l'île de Vancouver, à Fairy Creek. Foyer de l'une des dernières forêts millénaires intactes de la région, c'est avant tout le territoire traditionnel du peuple Pacheedaht. Indigènes et activistes écologiques y tentent, par des actions non-violentes mais directes, d'en stopper l'exploitation industrielle. Depuis maintenant plus d'un an, ils font régulièrement face à la police canadienne (RCMP).
En 2021, c'est la première fois que le Canada célèbre officiellement un « Jour de la vérité et de la réconciliation » pour affronter son passé colonial. Mais sur le terrain, la réalité est moins évidente. Pour de nombreux natifs « l'exploitation de [leur] peuple et de [leurs] terres se poursuit aujourd'hui pour des profits à court-terme ». D'après David Mungo Knox, le chef des Kwakiutl, une Première Nation s'élevant également face à la spoliation de ses terres, il s'agit bien plus que de protéger des forêts primaires : « Quand la Couronne retournera toutes les terres aux peuples issus de ces terres, il s'agira enfin de réconciliation ».
© NICOLAS MATHYS / AGENCE ZEPPELIN
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